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La présence française en Amérique du Nord avant 1603

Samuel de Champlain n’est pas le premier Européen à entreprendre un voyage vers l’actuelle Amérique du Nord ou à tenter de coloniser la vallée du Saint-Laurent. Dès l’an 1500, des explorateurs européens commencent à visiter les abords du continent nord-américain afin d’y trouver poissons, baleines et autres ressources lucratives. Ces explorateurs rencontrent les populations autochtones, établissent avec elles des relations de commerce et, dans certains cas, ont peut-être recours à leurs services pour extraire l’huile des baleines.

En 1534, Jacques Cartier fait voile depuis la France à destination du Saint-Laurent, puis rédige le tout premier compte rendu détaillé, du point de vue européen, de la rencontre entre les Autochtones et les Européens au Canada du XVIe siècle. Ses deuxième et troisième voyages ont lieu entre 1535-1536 et 1541. Lors de son dernier voyage, il tente de fonder une colonie sous le commandement de Jean-François de la Rocque, sieur de Roberval. Après nombre de souffrances et de décès, la colonie est abandonnée en 1542. Les luttes et les enjeux associés à la colonisation, les prédictions pessimistes quant aux richesses potentielles et les guerres de religion auxquelles l’Europe est en proie mettent un terme à l’exploration française de la vallée du Saint-Laurent.

Alors que les pêcheurs et les chasseurs de baleines poursuivent leurs activités sur le fleuve lorsque la saison s’y prête, il faut attendre les années 1570 pour que les Français reparaissent dans la vallée du Saint-Laurent, essentiellement pour s’y livrer à la traite des fourrures, activité devenue particulièrement lucrative à une époque où l’évolution de la mode européenne exige de grandes quantités de peaux de castors destinées à la production de chapeaux.

Dès 1598, les marchands actifs dans la vallée du Saint-Laurent commencent à se rendre compte que la concurrence accrue pèse sur leurs bénéfices, et à se plaindre de cette situation. En réponse, l’État français décide d’octroyer un monopole d’exploitation à toute compagnie commerciale qui prendrait à sa charge le coût de l’exploration et de l’implantation, et qui assoirait la suprématie française dans la vallée du Saint-Laurent sur les autres puissances européennes.

L’un de ces monopoles donne lieu à l’implantation d’une colonie française sur l’île de Sable par Troilus du Mesgouez, marquis de la Roche-Helgomarche, qui se termine en catastrophe. En 1599, Pierre de Chauvin se voit octroyer un monopole de la traite des fourrures pour 10 ans, ainsi qu’une nouvelle commission pour fonder une colonie dans la vallée du Saint-Laurent. Cette tentative, à Tadoussac, se solde également par un échec.

Au cours de cette période où l’on observe un regain d’intérêt de la cour de France à l’égard du Canada, Champlain travaille au Louvre en tant que géographe du roi Henri IV, étudie méticuleusement ces tentatives avortées de colonisation, puis en tire des enseignements. Il développe également sa vision de l’exploration, de la colonisation et de l’évangélisation de l’actuelle Amérique du Nord, tout en attendant patiemment une occasion d’entreprendre son premier voyage sur ce continent.