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Inauguration du centre d'interprétation du Parlement

Défendre une nation – Inauguration du centre d'interprétation du Parlement

Thomas H.B. Symons, C.C., O.Ont, FRSC, LL.D., D.Litt., D.U., D.Cn.L., FRGS, KSS – Président, Fiducie du patrimoine ontarien

En tant que président de la Fiducie du patrimoine ontarien et au nom de son conseil d'administration, j'ai l'immense plaisir de vous accueillir et d'être en votre compagnie aujourd'hui à l'occasion du coup d'envoi de la Semaine du patrimoine ontarien 2012, auquel vient s'ajouter l'inauguration de notre centre d'interprétation du Parlement et de son exposition spéciale intitulée « Fondations et incendies : l’établissement des premiers édifices parlementaires et la guerre de 1812 telle que vécue à York ».

Je suis tout particulièrement heureux que le représentant de notre Reine, l'honorable David Onley, lieutenant-gouverneur de l'Ontario, puisse être parmi nous aujourd'hui pour cette célébration spéciale du patrimoine. La Fiducie est attachée à la relation qu'elle entretient avec le Bureau du lieutenant-gouverneur et apprécie le soutien continu que Son Honneur et le Bureau apportent aux initiatives provinciales en matière de patrimoine. Bienvenue, Votre Honneur, et merci de votre présence ici en ce jour.

Chaque année, la Semaine du patrimoine donne aux collectivités de toute la province l'occasion de réfléchir à l'importance de leur patrimoine et de saluer les personnes et les organismes qui consacrent de l'énergie et du temps précieux à sa préservation et à sa commemoration.

Cette année, la Semaine du patrimoine revêt une importance toute particulière puisque l'Ontario se penche sur le thème « Défendre une nation » en commémorant le bicentenaire de la guerre de 1812. L'inauguration aujourd'hui de ce centre d'interprétation – ainsi que les nombreuses manifestations et initiatives spéciales qui se dérouleront aux quatre coins de l'Ontario cette semaine et dans les mois à venir – traduit la place essentielle qu'occupe ce conflit dans la mémoire collective et dans l'expérience symbolique de la province.

En cette année du bicentenaire, on peut se souvenir de la guerre de 1812 comme de l'événement le plus traumatisant de l'histoire de l'Ontario. Pour le dire sans ambages, la province a été assaillie et envahie. Elle a résisté et, du reste, est parvenue à chasser l'envahisseur, non sans que sa toute récente capitale – y compris le site sur lequel nous nous trouvons – ne soit d'abord occupée et incendiée. Dans ce qui constitue l'un des premiers exemples d'un autre genre de réciprocité, la Marine royale et les forces britanniques riposteront par la prise de Washington et l'embrasement de la Maison-Blanche.

Dans ce que l'on connaissait alors comme le Haut-Canada, la guerre a donné lieu au rassemblement hétéroclite des habitants de cette province peu peuplée pour la défense de son territoire et de ses institutions. Des peuples autochtones, des Loyalistes de l'Empire-Uni, des francophones, des membres de la communauté noire et bien d'autres pionniers ont combattu aux côtés des réguliers britanniques, affichant un degré de réussite remarquable face à un adversaire bien plus nombreux.

Si la plupart des affrontements, et bon nombre des combats les plus féroces, ont eu lieu dans le Haut-Canada ou y étaient liés, la guerre de 1812 ne s'est évidemment pas limitée à cette province. Le Québec et le Canada atlantique ont également été directement touchés et impliqués dans ce conflit contre les États-Unis. La guerre a accéléré le rapprochement des colonies britanniques du continent nord-américain, leur rappelant leurs intérêts communs et le patrimoine qu'elle se partage, et posant aussi les jalons d'une future confédération ainsi que d'un élargissement vers l'ouest et vers le nord le moment venu.

La question de savoir qui a remporté la guerre de 1812 fait peut-être débat, mais pour les Canadiennes et les Canadiens, la réponse est claire. Si l'issue avait été différente, comme le souhaitait l'envahisseur, le Canada n'existerait pas aujourd'hui. La défense efficace de cette province a joué un rôle fondamental dans la lutte pour la survie d'une nation qui n'était pas encore née.

La guerre de 1812 représente donc un moment crucial de l'évolution de l'identité de la province, de ses institutions et de ses valeurs. Toutefois, alors que nous commémorons ici, en Ontario, et dans tout le pays, le bicentenaire de cette guerre, nous devons garder à l'esprit que le Canada et les États-Unis ont bien des raisons de célébrer ensemble cet épisode – qui a notamment permis l'installation progressive d'un état de paix permanent entre nos deux pays, suite à la généralisation de l'opinion selon laquelle la discussion et la négociation constituent la seule manière acceptable pour deux voisins tels que ceux-là de régler leurs différends. Cette prise de conscience donne, elle aussi, amplement matière à se réjouir.

Des cendres de 1813 a émergé la possibilité de bâtir une province et une nation à l'identité distincte de celle de son voisin du sud, investies d'un rôle unique et évolutif en Amérique du Nord, dans le Commonwealth et sur la scène international.

Alors que nous sommes réunis ici aujourd'hui, sur ce site historique, pour célébrer la Semaine du patrimoine, il me semble qu'il ne pouvait y avoir de meilleur endroit pour réfléchir au développement d'une province et d'une nation.

Ce lieu renferme une valeur patrimoniale considérable pour Toronto, pour l'Ontario et pour le Canada. Site des premiers édifices parlementaires du Haut-Canada construits à cette fin, il a joué un rôle important dans l'évolution et le développement des traditions démocratiques de la province.

Les lois approuvées en cet endroit ont contribué à faire progresser les institutions et les procédures militaires, juridiques, politiques, sociales et économiques de la province. La planification et les préparatifs de la défense efficace de la province se sont, en grande partie, déroulés ici. Parallèlement, la province a étoffé sa législation déjà abondante, qui comprenait dès juin 1793 l'adoption d'une résolution reconnaissant les droits linguistiques des francophones et stipulant que les lois déjà instaurées par l'Assemblée législative et celles qui seraient adoptées à l'avenir devaient être traduites en français dans l'intérêt du district de l'Ouest et des autres pionniers francophones susceptibles de venir résider dans la province.

La première loi anti-esclavagiste de l'Empire britannique est également l'œuvre de l'Assemblée législative de la province, réunie à Newark (aujourd'hui rebaptisée Niagara-on-the-Lake) en 1793. Cette loi a ouvert la voie à l'abolition de la traite transatlantique des esclaves par la Grande-Bretagne en 1807, ainsi qu'à l'abolition pure et simple de l'esclavage dans tout l'Empire britannique le 1er août 1834 – trente ans avant son abolition aux États-Unis. Ce fait est une grande source de fierté pour les Ontariennes et les Ontariens, mais aussi pour les personnes du monde entier qui s'intéressent au régime parlementaire et aux libertés civiles.

La législation née sur ce site a continué de promouvoir l'aide sociale et le bien-être des citoyens du Haut-Canada, notamment par le biais de lois comme celle visant l'éducation et le soutien des orphelins, celle prévoyant une meilleure réglementation de la pratique du droit ou encore celle établissant des écoles publiques dans chacun des districts de la province (An Act to provide for the Education and Support of Orphan Children; An Act for better regulation of the practice of law; an Act to establish Public Schools in each and every District of this Province). Ces mesures formaient un volume véritablement impressionnant de législation progressiste pour une province aussi jeune.

Compte tenu de l’inauguration du centre d'interprétation en ce jour et en ce lieu, la Fiducie du patrimoine ontarien se félicite de continuer à œuvrer avec les membres de la collectivité – organismes locaux, provinciaux et fédéraux, mais aussi Premières Nations, dont les membres ont joué un rôle des plus capital dans la défense efficace de la province – pour atteindre et préserver notre objectif commun, à savoir protéger et commémorer ce site important.

Je souhaite profiter de cette occasion pour saluer, et remercier, tant d'invités et d'organismes qui nous font l'honneur de leur présence aujourd'hui et qui ont prêté un concours inestimable à la Fiducie du patrimoine ontarien pour la création de ce centre d'interprétation et la préparation d'une exposition en mesure de refléter l'importance locale, provinciale, nationale et internationale de ce lieu.

La Fiducie du patrimoine ontarien a hâte d'accueillir en cet endroit des visiteurs des quatre coins de la province et d'ailleurs, de s'intéresser à l'histoire des débuts de Toronto et de l'Ontario, ainsi que d'examiner l'importance de la guerre de 1812 pour la province et, du reste, pour la nation canadienne.

Je vous remercie.