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Église méthodiste épiscopale africaine et cimetière d’Otterville

Le samedi 8 juillet 2006, à 14 h, la Fiducie du patrimoine ontarien et la South Norwich Historical Society ont dévoilé une plaque provinciale commémorant l’église méthodiste épiscopale africaine et le cimetière d’Otterville, au chalet octogonal Woodlawn, à Otterville.

Voici le texte bilingue de la plaque :

ÉGLISE MÉTHODISTE ÉPISCOPALE AFRICAINE ET CIMETIÈRE D’OTTERVILLE

    Encouragés par des Quakers locaux, des Noirs libres et des esclaves fugitifs fuirent le climat de persécution qui sévissait aux États-Unis et s’établirent dans la région d’Otterville à compter de 1829. Comme ouvriers et agriculteurs, ces personnes ont apporté d’importantes contributions au développement local. En 1856, des fiduciaires de l’Église méthodiste épiscopale africaine achetèrent ce lot d’un demi-acre et y construisirent la première église noire du comté d’Oxford. Au cours de la même année, la bâtisse fut transférée à l'église méthodiste épiscopale britannique, une nouvelle confession religieuse. L’église et le cimetière servirent la communauté noire jusqu’ à la fin des années 1880. La petite église blanche, à ossature de bois, avait disparu dès le début du 20e siècle. Son cimetière est l’un des rares lieux de sépulture des pionniers noirs en Ontario.

OTTERVILLE AFRICAN METHODIST EPISCOPAL CHURCH AND CEMETERY

    Encouraged by local Quakers, free Blacks and escaped slaves fled persecution in the United States and found homes in the Otterville area beginning in 1829. As skilled tradespeople and farmers, these people made significant contributions to local development. In 1856, trustees of the African Methodist Episcopal Church purchased this half-acre lot and built the first Black church in Oxford County. Later that year, the church was transferred to the newly established British Methodist Episcopal denomination. The church and cemetery served the local Black community until the late 1880s. The small white-painted frame church had disappeared by the early 20th century. Its cemetery is one of the few remaining Black pioneer burial grounds in Ontario.

Historique

Colonies noires

Il ne reste plus dans le cimetière méthodiste épiscopal africain d’Otterville qu’une seule tombe qui commémore certains des premiers pionniers du village, à savoir des immigrants afro-américains qui commencèrent à s’installer dans la région d’Otterville en 1829. De 1855 jusqu’à la fin des années 1880, une petite église de bois, également située sur les lieux, servit de lieu de culte à la communauté noire d’Otterville et des environs.

Les pionniers noirs d’Otterville se joignirent à d’autres pionniers qui s’installèrent à Norwich à compter de 1800. La majorité de ces personnes immigrèrent dans cette région en 1811 en provenance de la partie supérieure de l’État de New York. Frederick Stover, un Quaker, fut l’un des pionniers qui encouragea un grand nombre d’Américains noirs à s’installer dans le district d’Otterville.1

Frederick Stover contribua à favoriser l’implantation dans le sud-ouest de l’Ontario de trois colonies noires, dont la première fut Wilberforce (l’actuel Lucan), située au nord de London. En 1829, les Noirs libres vivant à Cincinnati souffraient sous le régime oppresseur du « Code Noir ».2 Ils fondèrent une société de colonisation dont le mandat consistait à trouver des endroits où les Noirs pouvaient s’installer en Amérique du Nord. Le comité, présidé par James Charles Brown – ancien esclave du Kentucky ayant lui-même acheté sa liberté – fut accueilli par Sir John Colborne, lieutenant-gouverneur, mais il ne parvint pas à acquérir suffisamment de terres pour fonder une colonie. Les Quakers de l’Indiana et de l’Ohio aidèrent Brown en achetant en son nom, par l’entremise du comité dirigé par Frederick Stover, 800 acres de terres agricoles dans le comté de Biddulph.3 Un groupe, qui se dirigeait vers Wilberforce, décida plutôt de s’installer près des Quakers, à Norwich. Cette deuxième colonie afro-américaine – un regroupement de fermes locales – était située le long des 7e et 8e concessions, à Otterville.

Otterville, d’abord appelé Otter Creek Mills, s’étendait sur le lot 12, dans la 8e concession, sur les rives du ruisseau Otter. Au cours des trois prochaines décennies, des familles provenant des États de New York, du Massachusetts et du Connecticut – ainsi que d’autres parties de l’Ontario de l’époque – se joignirent à ces premiers colons noirs et formèrent le noyau d’une communauté afro-canadienne dynamique.

Stover joua aussi un rôle dans la création du British American Institute (BAI) à la colonie de peuplement Dawn, l’actuel Dresden, en Ontario. L’Institut fut fondé par le remarquable Josiah Henson – esclave fugitif, conférencier et prédicateur – agissant de concert avec le révérend Hiram Wilson, important abolitionniste. Tant Stover que J.C. Brown, qui s’installèrent au Canada en 1830, siégeaient au conseil d’administration du BAI.4

Colonie noire dans le comté d’Oxford

Les Noirs dans le comté d’Oxford s’adonnèrent à l’agriculture à Norwich, près d’Otterville. Ils s’installèrent cependant aussi dans d’autres villages comme Milldale et dans les villes d’Ingersoll et de Woodstock. En 1848, près de 200 Noirs vivaient dans les environs de Norwich.5 La majorité de ces personnes n’étaient pas des esclaves ayant récemment fui les États-Unis, mais des hommes et des femmes nés libres, affranchis par la loi ou des réfugiés du Sud ayant vécu de façon libre dans les États du Nord des États-Unis. On lit dans le registre des réunions mensuelles de la Société des amis de Norwich que les contributions volontaires étaient acceptées afin de permettre à des personnes de couleur de quitter la Caroline du Nord pour vivre de façon libre dans d’autres États.6 Les immigrants amenèrent avec eux de l’argent pour acheter des terres et la plupart d’entre eux étaient des travailleurs spécialisés. Leur contribution au développement du comté de Norwich fut considérable.

D’après une source, les familles noires dans le comté étaient suffisamment nombreuses en 1842 pour qu’on y crée une école afro-canadienne. La mission canadienne de l’American Missionary Association, dont la création avait été recommandée par Hiram Wilson, envoya Mary C. Sheppard enseigner à Otterville à cette époque. Jusque-là, les enfants noirs n’avaient pas eu accès à l’éducation publique dans le sud-ouest de l’Ontario et avaient dû fréquenter des écoles séparées. Or, la Common Schools Act (1850), œuvre d’Egerton Ryerson, fut interprétée à l’échelle locale de façon à permettre en 1855 l’accès des enfants noirs aux écoles de la région lorsque Norwich Nord et Norwich Sud devinrent des comtés distincts. D’après le rapport du surintendant de Norwich Sud datant de cette année-là, l’école d’Otterville comptait 20 enfants noirs et celle de Summerville, 59.

Les Noirs de Norwich jouèrent un rôle actif au sein du mouvement anti-esclavagiste canadien et participèrent au Grand congrès de l’Amérique du Nord, ou Congrès des gens de couleur libres, tenu au nouveau Centre St. Lawrence de Toronto, du 11 au 13 septembre 1851. Henry Bibb, fugitif du Kentucky et conférencier abolitionniste qui publia le journal Voice of the Fugitive, accueillit les délégués qui venaient surtout de la région des Grands Lacs des États-Unis et du Canada. Ils discutèrent de la nouvelle et draconienne Fugitive Slave Law (1850), qui facilitait la capture des esclaves fugitifs de tous les États du Nord et du Sud ainsi que de la question de savoir si le Canada-Ouest (l’actuel Ontario) constituait le meilleur endroit où les émigrants afro-américains pouvaient s’établir.7 La minuscule collectivité de Norwich envoya deux représentants au congrès : Jeremiah Wainer et Elijah De Groat.8

Après l’adoption par le Congrès américain de la Fugitive Slave Law en 1850, des milliers de personnes ayant fui l’esclavage, mais vivant toujours dans les États américains du Nord, quittèrent les États-Unis pour s’installer au Canada. Le Canada-Ouest, en particulier, bénéficia grandement de cet afflux d’émigrants et accueillit de nombreuses personnes talentueuses et ambitieuses. Robert Williams, esclave fugitif, vint s’installer avec sa famille dans la région d’Otterville en 1852 après avoir rencontré des Quakers de Norwich à une réunion des Amis des Quakers, tenue près de Rochester, dans l’État de New York. De la même façon, Isaac Grey, né au Maryland, s’installa dans la région en 1855.9

L’église et le cimetière

D’après le recensement des Canadas de 1851, Norwich comptait 102 Noirs. En 1855, 167 Noirs vivaient dans le comté de Norwich Sud lequel se sépara de Norwich Nord la même année. Ce n’est cependant pas avant 1856 que les Noirs vivant près d’Otterville, situé dans le comté de Norwich Sud, construisirent leur propre église bien qu’il exista déjà une congrégation méthodiste noire depuis des années dans cette région.10

Malgré que les Afro-Américains appartenaient à diverses confessions religieuses, ils étaient nombreux à être baptistes et méthodistes. De façon générale, les églises blanches aux États-Unis acceptaient les paroissiens noirs, même s’ils étaient toujours des esclaves, mais ceux-ci subissaient une grande discrimination. Les Noirs devaient s’asseoir à l’étage et soit n’étaient pas acceptés comme membres à part entière de la congrégation, soit ne pouvaient pas occuper un poste au sein de leur église. Sous la direction de Richard Allen, ancien esclave, les Noirs quittèrent en signe de protestation l’Église méthodiste de Philadelphie en 1786 et créèrent, en 1816, l’Église méthodiste épiscopale africaine (MEA). Cette église prit rapidement de l’ampleur aux États-Unis et s’installa au Canada au début des années 1820. Cette église s’est jointe au circuit de New York en 1827, bien qu’un missionnaire ne fut envoyé auprès des congrégations canadiennes qu’en 1832. La première conférence au Canada eut lieu à Toronto, le 21 juillet 1840 et l’on dénombrait alors 256 membres à part entière de l’Église MEA au Canada dans l’actuel Ontario.11

La création d’une église distincte fut une étape très importante dans l’édification d’une communauté noire. Comme l’église noire constituait de façon générale le seul lieu de rencontre appartenant en commun aux membres de la communauté noire, elle joua le rôle non seulement de centre religieux, mais de centre de conférences. Elle fut aussi souvent la première école de la communauté. Le concept de l’école du dimanche fut adopté tôt par la communauté noire, et c’est d’ailleurs à l’école du dimanche que de nombreux enfants et adultes apprirent à lire et à écrire. Des activités abolitionnistes, politiques et sociales furent organisées à l’église qui joua aussi un rôle de premier plan dans la création de groupes d’entraide ainsi que de groupes de bienfaisance, de secours mutuel et de tempérance.

En 1853, l’Église MEA fut réorganisée et Otterville et les collectivités avoisinantes furent intégrés au nouveau district de Brantford bien qu’aucune église n’y ait encore été construite. En 1856, l’Église MAE d’Otterville se joignit à la Conférence méthodiste épiscopale britannique (MEB) de même que la plupart des autres églises appartenant à cette confession religieuse dans l’Ouest canadien. La MEB fut d’abord créée parce que des ecclésiastiques noirs canadiens – dont bon nombre étaient des esclaves fugitifs – ne pouvaient pas sans risques participer aux conférences de la MEB tenues aux États-Unis. Ces ecclésiastiques voulaient aussi afficher ainsi leur allégeance à la reine Victoria et au gouvernement britannique qui avaient accueilli tant d’esclaves fugitifs pendant les années tumultueuses ayant précédé la Guerre civile américaine. L’historien Robin Winks est aussi d’avis que le fait que l’église se dise « africaine » posait des difficultés puisque de nombreux esclaves fugitifs avaient épousé des Blanches. L’évêque Willis Nazrey de l’Église méthodiste épiscopale africaine démissionna de son poste pour occuper, jusqu’à sa mort en 1874, celui de premier évêque de l’Église méthodiste. L’évêque Randolph Disney lui succéda.12

Le 6 janvier 1856, l’agriculteur blanc qui possédait la majeure partie de l’actuel Otterville, Edward Bullock, vendit un demi-acre de terrain, pour la somme de 15 livres, à Lindsey Anderson, Isaac Grey et Isaac Durphy, administrateurs de l’Église épiscopale méthodiste africaine. Le titre foncier fut enregistré le 2 juin 1856. Cette petite parcelle de terre devint le site de l’église noire d’Otterville et servit aussi de cimetière pour la congrégation.

Construite en 1856, l’église d’Otterville appartenait déjà en propre à l’Église méthodiste épiscopale britannique dès 1864. Selon le compte rendu des délibérations de la treizième séance de la conférence annuelle (tenue à Windsor le 29 mai 1869) Lindsey Anderson était l’un des trois aînés de la congrégation. Josiah Henson de Dawn en était un autre. L’église comptait 48 membres et d’après les registres de l’Église EMB, son premier prédicateur fut Lindsay Anderson. Aucun registre des membres de l’église, des baptêmes, des mariages ou des enterrements n’a survécu jusqu’à aujourd’hui. Il existe cependant dans les archives de Norwich, un album de photographies sous la forme d’une boîte à musique ayant appartenu à la famille Williams qui fréquentait l’église et qui donne un aperçu de la vie de cette famille. Ces producteurs d’œufs étaient de toute évidence prospères comme en témoigne la finesse des vêtements que portent les hommes, les femmes et les enfants qu’on aperçoit sur ces photographies.13

Bien qu’il n’existe aucune photographie connue de l’église méthodiste épiscopale africaine d’Otterville, un résident âgé se souvenant l’avoir vue avant qu’elle ne disparaisse a dit qu’il s’agissait d’un bâtiment à ossature de bois peint en blanc dont la façade principale comportait un portique à pignon.14 Le bâtiment religieux a disparu au début du 20e siècle, ayant cessé d’être utilisé à compter de 1899.

L’église d’Otterville était bien connue à l’échelle locale pour les importantes réunions de ressourcement spirituel qui s’y tenaient. Le 18 août 1882, on pouvait lire ceci à ce sujet dans le Tillsonburg Observer : « L’une des réunions en plein air ayant attiré le plus de personnes dans toutes les annales de la région s’est tenue dimanche dernier à l’église méthodiste épiscopale (de couleur) britannique d’Otterville, située près du village du même nom. Des fidèles de Brantford, d’Ingersoll, de Tillsonburg et d’autres villes et villages avoisinants étaient présents de même que 2 000 à 2 500 Blancs. » [Traduction libre]

L’église continua de servir de lieu de culte de la communauté noire tout au long de la deuxième moitié du 19e siècle. À mesure que les résidents noirs s’installèrent dans d’autres régions, le nombre des fidèles diminua. En 1884, les Églises MEA et MEB fusionnèrent et l’église d’Otterville, durant ses dernières années d’existence, releva de l’Église méthodiste épiscopale africaine.15 La famille Williams quitta la région et les Anderson s’installèrent dans la ville de Woodstock, dont ils devirent des résidents connus et respectés. On semble avoir continué d’enterrer des paroissiens au cimetière de l’église pendant cette période puisqu’une pierre tombale toujours en place date de 1880. Lindsey Anderson – décédé en 1888 – fut cependant enterré au cimetière des Amis de la rue Pine. D’après le compte rendu de la conférence annuelle de l’Église méthodiste épiscopale britannique, la congrégation ne comptait plus que cinq membres en 1888. Après la mort d’Anderson, on recommanda la vente de la propriété.

Le compte rendu de la conférence de l’église MEB de 1889 n’indique pas l’existence d’une congrégation active à Otterville. Aucune réunion en plein air n’aurait eu lieu après 1899 et le canton redevint à un moment propriétaire de l’église.16 L’église elle-même disparut – possiblement victime des intempéries puisque aucun journal ni registre local n’indique qu’elle ait été démolie ou détruite par un incendie. À la fin du 20e siècle, l’enclos paroissial, délimité par quelques pierres seulement, était à l’abandon et la seule pierre tombale qu’on voit toujours au cimetière commémore la première communauté noire d’Otterville. Aujourd’hui, ce cimetière est l’un des rares cimetières de pionniers noirs à avoir été préservé en Ontario.


La Fiducie du patrimoine ontarien tient à remercier Karolyn Smardz Frost de ses travaux de recherche sur lesquels repose le présent document.

© Fiducie du patrimoine ontarien, 2006


1 Certaines familles quakers avaient sans doute déjà établi des liens avec les Afro-américains avant de venir au Canada, ou avaient peut-être même déjà aidé des esclaves fugitifs à quitter les États-Unis au moyen d’une première version du chemin de fer clandestin. Il existait des relais bien connus le long de la route menant de la Virginie et du Maryland vers le nord en passant par l’État de New York. La majorité des Quakers s’opposèrent à l’esclavage et ils aidèrent activement les esclaves fugitifs. La première loi anti-esclavagiste aux États-Unis fut adoptée en 1688, à Germantown, en Pennsylvanie, par un groupe de contestataires religieux composé soit de Quakers, soit de Mennonites, selon la source consultée. Dès 1786, George Washington lui-même s’indigna de ce que les Quakers de Pennsylvanie aidaient les esclaves à fuir les États-Unis.

2 Le terme provient des Antilles françaises. Le « Code noir » obligeait les Noirs arrivant au pays à avoir un parrain blanc, à fournir une caution de bon comportement de 500 $ et à communiquer leur nom et leur adresse au greffier du comté. La ville de Cincinnati interdit aussi l’accès aux Noirs à des emplois qui leur avaient jusque-là été réservés.

3 Norwich Friends Monthly Meeting Book, 9 juin 1830, Archives de Norwich et du district avoisinant (ci-joint). Voir aussi Peter C. Riply et coll. éd. The Black Abolitionist Papers, vol. 2, Canada, Chapel Hill: University of North Carolina, 1986, 51n4. Voir aussi Peter Williams, A Discourse Delivered in St. Philip's Church for the Benefit of the Coloured Community of Wilberforce, in Upper Canada, on the Fourth of July, 1830, New York, N.Y., 1830, p. 10 et 11. Pour en savoir davantage sur le rôle de Stover à Wilberforce et Dawn, voir William J. Pease et Jane Pease, Black Utopia: Negro Communal Experiments in America, Madison, WI: State Historical Society for Wisconsin, 1963, p. 48 et 71. Voir également Cathy Symons, « Quakers Helped End Slavery », Norwich Gazette, 23 février 2005.

4 Frank Stover rencontra Josiah Henson ainsi que le révérend Hiram Wilson sans doute au milieu des années 1830. Wilson arriva dans le Haut-Canada en 1836 dans le but de faire du travail missionnaire. Il vécut à Toronto et ensuite à Dawn, fonda des écoles pour les esclaves fugitifs et établit un partenariat avec Henson, qui avait déjà tenté d’établir une colonie de peuplement à Colchester. Ensemble, ces hommes créèrent le British American Institute, première école consacrée à l’enseignement des métiers manuels au Canada et Stover siégea à son conseil d’administration. J.C. Brown, fondateur de la colonie de peuplement Wilberforce, était aussi membre du conseil d’administration de l’Institut. Pour en savoir davantage sur le rôle de Stover à Wilberforce et à Dawn, voir William J. Pease et Jane Pease, Black Utopia: Negro Communal Experiments in America, p. 48 et 71. Pour une brève biographie de J.C. Brown, voir Ripley, p. 74-75n.

5 Oberlin Evangelist, 30 août 1848 et American Missionary, octobre 1848, cité dans Linda Brown-Kubisch, The Queen’s Bush Settlement: Black Pioneers, 1839-1865, Natural Heritage Books, 2004, p. 112-113.

6 Norwich Friends Monthly Meeting Book, 14 septembre 1831, Archives de Norwich et du district de Norwich.

7 La Fugitive Slave Law de 1850 permettait aux propriétaires d’esclaves et à leurs représentants de poursuivre leurs esclaves en fuite dans tous les États de l’Union. Les shérifs et les juges locaux étaient tenus de voir à leur arrestation. Des commissaires spéciaux furent nommés pour rechercher les esclaves. Ils étaient payés davantage pour les hommes, femmes ou enfants repris en esclavage que pour ceux qui étaient mis en liberté. Les abus étaient très répandus. Le témoignage sous serment d’un homme blanc suffisait pour arrêter une personne soupçonnée d’être un esclave fugitif. Les Noirs n’étaient pas autorisés à assurer leur propre défense et n’avaient pas non plus droit à un procès en bonne et due forme bien que les États du Nord adoptèrent immédiatement des lois sur la liberté personnelle pour corriger cette injustice. Littéralement des milliers de personnes – dont certaines étaient libres depuis des générations – vendirent ou abandonnèrent leurs résidences et leurs entreprises et s’installèrent au Canada.

8 C. Peter Riley, The Black Abolitionist Papers, vol. 2, Canada, Chapel Hill, NC: The University of North Carolina, 1986, p. 149-169. Hiram Wilson et Josiah Henson faisaient partie du comité et J.C. Brown, qui vivait à ce moment à Chatham, participa également au congrès.

9 Il n’y a qu’un Afro-Américain, nommé Isaac Grey, né au Maryland, qui figure dans le recensement américain de 1850. Il vivait dans le comté de Hardin, dans l’État de l’Ohio. Sa femme, Catherine, Noire également, était née au Delaware. D’après le recensement, il était âgé de 53 ans, et sa femme, de 54 ans. Les Grey avaient six enfants : James (26 ans), Isaac (21 ans), Mary A. (24 ans), Gilbert (18 ans), William (14 ans) et Catherine (12 ans). Dans le recensement du Canada de 1871, il est fait état d’un Isaac Grey de Norwich, en Ontario, âgé de 66 ans, et le recensement du Canada de 1881 indique que le même homme est un « Africain » né aux États-Unis, âgé de 75 ans. L’écart dans l’âge laisse penser qu’il ne s’agissait pas du même homme. Les esclaves fugitifs cherchaient à éviter que leur nom figure dans un document officiel pour empêcher qu’il ne soit possible de les retrouver.

10 Norwich faisait partie du nouveau circuit de Brantford, créé en 1853, de l’Église méthodiste épiscopale africaine. Donald George Simpson, « Negroes in Ontario from Early Times to 1870 », thèse de doctorat non publiée, Université Western Ontario, 1971, p. 98; voir également le très révérend James A. Handy, Scraps of African Methodist Episcopal History. Philadelphie : AME Book Concern, 1902, p. 131, p. 210-211.

11 Handy, p. 13ff et 138; Daniel Alexander Payne, History of the African Methodist Episcopal Church, Nashville, Tenn: AME Sunday School Union, 1891, p. 56-57, 95, 116-117; Robin W. Winks, The Blacks In Canada, a History. Montréal : Presses universitaires McGill-Queen's, 1971, p. 355-357; Richard R. Wright, Centennial Encyclopaedia of the African Methodist Episcopal Church, Philadelphie : The Book Concern of the AME Church, 1916, p. 14.

12 Cette scission à l’amiable des églises méthodistes noires en Amérique du Nord fait l’objet d’un article assez long du révérend James A. Handy, dans Scraps of African Methodist Episcopal History, Phildadelphie : AME Book Concern, 1902, 193ff. Voir également Edwards. S. J. Celestine. From Slavery to a Bishopric, ou The Life of Bishop Walter Hawkins of the British Methodist Church. Canada, London: J. Kensit, 1891. p. 152-153; Gwendolyn Robinson et John W. Robinson, Seek the Truth: A Story of Chatham’s Black Community, inédit 1989, p. 69-70.

13 « Williams Bible », Archives de Norwich et du district de Norwich.

14 Heather Rennalls, Woodstock Sentinel-Review, inédit, Archives de Norwich et du district de Norwich; Joyce Pettigrew, communication personnelle.

15 Wright, 296.

16 Renseignement obtenu dans le cadre d’un entretien avec Joyce Pettigrew, historienne.