David Leonard, Toronto

Petit garçon, j’étais obsédé par certains des grands chefs d’œuvre d’ingénierie du passé. Je me souviens encore de mon premier trajet en métro sous le viaduc de la rue Bloor, à Toronto. Comme c’était stupéfiant d’émerger de la noirceur épaisse d’un tunnel de métro et, soudain, de voir la lumière. Pendant cette trop brève quinzaine de secondes, la vallée de la rivière Don s’étend en dessous de vous, dans toute sa vaste, magnifique et difficile nature.

Aujourd’hui, je suis historien, urbaniste et fièrement fanatique de l’extrême est de Toronto. Je suis toujours fasciné par ce pont rendu célèbre par « Skin of a Lion » : il a donné naissance à l’est de la ville avant la guerre, le long de Danforth, permettant la prolongation du trajet du tramway de la rue Bloor jusqu’à la rocade Luttrell et plus tard le métro Bloor Danforth a été placé sous lui (merci, RC Harris). Ces banlieues des années 1920-1930 accessibles par tramway que le viaduc a rendues possibles comptent parmi mes endroits préférés à Toronto.

Même par lui-même, le pont a une telle présence visuelle; dans une ville où l’architecture d’avant-guerre est bien plus modeste – quoique très belle –, l’échelle du pont et ses arches d’acier ne peuvent qu’impressionner. À Toronto, nous avons tendance parfois à effacer de nos mémoires ce qu’il y a de spectaculaire à propos de notre propre ville; au cours de nos activités quotidiennes de routine, par exemple nos allers et retours au travail, nous pouvons facilement oublier ce qui rend cet endroit spécial. Mais passez en métro sous le pont à la mi-automne, au moment où la symphonie des couleurs atteint un sommet et où la vallée vibre et resplendit vraiment. C’est magnifique. Le pont traverse peut-être la vallée en quelques brèves secondes, mais il invite les voyageurs qui jettent un coup d’œil par la fenêtre d’une voiture de métro à s’émerveiller du spectacle qu’elle offre, et crée des liens entre elle et nous. Pour moi, c’est magique à tout coup.




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