L'honorable James Bartleman (27e lieutenant-gouverneur de l’Ontario), Port Carling

Mon Muskoka – hiver 1949

Chaque soir quand j’étais enfant, dans les années 1940, je plaçais les grosses billes de bois sur le banc de scie et, à l’aide d’une petite scie à bûches je les coupais en longueurs adaptées à l’âtre du poêle et, par la suite, je refendais les grosses bûches en morceaux plus petits. Après avoir transporté une brassée de bois pour remplir la boîte située à côté du poêle, je retournais m’asseoir à l’extérieur, sans me soucier du temps. Seul, si ce n’est de la compagnie rassurante de nos chiens de traîneau, je ressassais les événements de la journée, réfléchissant et appréciant le silence du village en hiver. Parfois, les soirs de chance, le ciel nocturne se parait du spectacle incomparable des aurores boréales, qui me faisaient penser à la danse des esprits guerriers rappelant les âmes des disparus descendant du ciel pour projeter leur clarté et leurs étincelles sur les rapides de la rivière Indian. À d’autres moments, je m’assoyais dans le calme de la neige tombante et je regardais les flocons dérivant sans bruit sous les lampadaires devant notre vieille maison et couvrant de blanc la route silencieuse, rarement déparée à cette époque de l’année et à ce temps de la journée par le passage des voitures et des camions. Je me disais que, jamais, je ne trouverais plus grande paix de l’esprit tant que je vivrais.




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