Menu

L'histoire du temple Sharon est liée à l'histoire du groupe Children of Peace, une secte religieuse à l'origine membre de la Société des amis ou Quakers, fondée par David Willson. Willson et sa femme, originaires de l'État de New York, sont venus, en 1801, se joindre à d'autres Quakers installés dans le Haut-Canada. En 1805, Wilson possédait 200 acres (80 hectares) dans le canton d'East Gwillimbury (région de York).

Manifestant une opposition croissante aux pratiques et aux croyances des Quakers, Willson a été exclu de la Société des amis en 1812. Avec plusieurs autres Quakers, il a fondé une nouvelle secte religieuse qui a adopté certaines doctrines Quaker, des éléments de mysticisme ainsi que des pratiques juives. Le culte de cette nouvelle secte accordait une grande importance à la musique. Les membres de la secte se sont d'abord réunis chez Wilson et ensuite dans une maison de rencontre. Devenant de plus en plus nombreux, ils ont dû enfin trouver des locaux plus spacieux. Wilson, avec l'aide du maître constructeur de bâtiments, Ebenezer Doan, a construit le « Temple de la paix ».

Au fil des ans, plusieurs autres bâtiments ont été construits sur les lieux, y compris une école, un cabinet de travail pour Willson (1829) et une grande maison de rencontre (1842, démolie en 1915) – tous dans le même style que le temple. L'office religieux avait lieu dans la maison de rencontre tous les dimanches, tandis que le temple était réservé à des offices spéciaux, soit aux offices célébrés le dernier samedi du mois et aux offices marquant chaque année la récolte en septembre, le jour de Noël et l'anniversaire de Wilson, en juin.

Si la secte a pris beaucoup d'ampleur sous la direction de Wilson, elle a connu un déclin rapide après sa mort, en 1866. C'est cependant après le décès de son fils, John David Willson, en 1887, que le temple a été laissé à l'abandon. La York Pioneer and Historical Society a acheté le bâtiment en 1918. Le temple a été rénové et ensuite transformé en musée, devenant ainsi l'un des premiers bâtiments non militaires canadiens à être préservé à des fins d'interprétation.

De forme carrée et peint en blanc avec finitions extérieures vertes, le Temple de la Paix est une construction à ossature en bois de trois étages. La base du temple a une superficie de 60 pieds par 60 pieds et le bâtiment se termine par un lanternon de 12 pieds par 12 pieds. Chaque étage est percé de tous les côtés de grandes fenêtres à multiples carreaux et un petit pinacle orne chaque coin du toit. Tous les éléments du temple symbolisent un aspect des croyances religieuses de la secte – les trois étages représentent la Trinité; une porte placée dans chacun des quatre murs du bâtiment permettait aux fidèles d'entrer dans le bâtiment de tous les côtés, ce qui incarne leur égalité; un nombre identique de fenêtres sur chaque côté du bâtiment permet à la lumière de l'Évangile de descendre sur l'assemblée avec la même force; sur les quatre piliers supportant le lanternon, on peut lire le nom des vertus cardinales de la foi, de l'espoir, de l'amour et de la charité; et 12 lanterneaux sur le pinacle et 12 piliers intérieurs représentent les apôtres. Quatre allées menant toutes à une porte aboutissent à l'espace central où se trouve l'autel. Une arcade continue de 12 colonnes ouvragées soutient le deuxième étage. Dans le centre du temple se trouve un tabernacle – objet dont la conception, les proportions et la menuiserie sont remarquables.

Le bâtiment a été désigné lieu historique national en 1990. En juin 2002, la Fiducie du patrimoine ontarien a établi une servitude protectrice du patrimoine dans le but d'en assurer la préservation et la Ville de York l'a désigné comme bâtiment à valeur patrimoniale aux termes de la Loi sur le patrimoine de l'Ontario.