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La colonie noire de la région de Banwell Road

Au 25 septembre 2015, la Fiducie du patrimoine ontarien, en collaboration avec la ville de Tecumseh, a dévoilé une plaque provinciale pour commémorer la colonie noire de la région de Banwell Road.

La cérémonie de dévoilement a eu lieu au parc McAuliffe, à Tecumseh.

Voici le texte de la plaque bilingue :

LA COLONIE NOIRE DE LA RÉGION DE BANWELL ROAD

    Au début des années 1830, une trentaine de familles fuient l’esclavage et l’oppression raciale aux États-Unis pour s’installer dans la région de Banwell Road, dans le canton de Sandwich Est. L’occasion leur est alors donnée d’acheter des terres par le biais de deux programmes de colonisation rurale mis sur pied par des organismes noirs : la Colored Industrial Society (mission de l’Église épiscopale méthodiste africaine dans le canton de Sandwich Est) et la Refugee Home Society (administrée par Henry et Mary Bibb, un couple abolitionniste noir de Maidstone). Liberté et propriété foncière sont alors synonymes d’autodétermination et de sécurité financière. Les colons achètent des parcelles de 10 ou 25 acres pour y bâtir des maisons et des fermes. Un terrain de 25 acres, détenu en fiducie par l’Église épiscopale méthodiste africaine, sera destiné à la construction d’une église et d’une école. Il abrite également le cimetière de la famille Smith. Ces familles font naître un fort sentiment d’appartenance communautaire en fondant des institutions et en prônant la justice sociale. La colonie noire de la région de Banwell Road a marqué l’histoire, la vie économique et la culture de la région, et a donné à ses descendants les moyens de mener une vie épanouie et libre.

THE BANWELL ROAD AREA BLACK SETTLEMENT

    Beginning in the 1830s, at least 30 families fleeing enslavement and racial oppression in the United States settled in the Banwell Road area in Sandwich East. They had the opportunity to purchase land through two Black-organized land settlement programs – the Colored Industrial Society (a mission of the African Methodist Episcopal Church in Sandwich East) and the Refugee Home Society (administered by Black abolitionist Henry and Mary Bibb of Maidstone). Freedom and land ownership meant self-determination and financial security. Settlers purchased 10- or 25-acre parcels of land to build homes and farms. The A.M.E. church held 25 acres in trust to construct a church and a school – and for a burial ground at the site, namely, the Smith family cemetery – located here. These families created a strong sense of community by establishing institutions and advocating for social justice. The Banwell Road Area Black Settlement contributed to the history, economy and culture of the region, and paved the way for their descendants to live fulfilled, free lives.

Historique

Les Afro-Américains affranchis et libres ont traversé la rivière Detroit vers la liberté au Canada. Un bon nombre d’entre eux se sont établis dans des villages, des villes et des hameaux du comté d’Essex, tels que Windsor, Rochester, Gosfield, Colchester, Mersea, Anderdon, Malden, Amherstburg, Elmstead, Marble Village, Puce, Old Castle, Little River, Maidstone et Sandwich. Les femmes et les hommes noirs nouvellement arrivés ont construit des maisons et établi d’importantes institutions sociales et politiques dans ces communautés émergentes.

Communautés noires planifiées

La mission de Sandwich, renommée « Coloured Industrial Society of Sandwich » en 1850, a commencé en 1845 sous l’égide de l’Église épiscopale méthodiste africaine à titre de programme d’aide à la colonisation rurale pour les réfugiés et les Noirs libres.1 Les fiduciaires élus initialement étaient Alfred Kelly, George William, William Keys et Alfred Brunson. De l’argent a été recueilli, et les fiduciaires ont acheté 200 acres de terre dans la neuvième concession. Le révérend Thomas Willis, le pasteur baptiste Israel Campbell, le révérend John Jackson et James F. Copeland étaient les agents autorisés, embauchés pour voyager et promouvoir et vendre les parcelles de terrain. Cette initiative avait pour but d’établir les réfugiés de l’esclavage qui arrivaient et de les aider à devenir des propriétaires fonciers.2

Les communautés noires planifiées étaient organisées dans le but de créer un système de soutien solide et des communautés aux liens très serrés pour les personnes fuyant l’esclavage et les restrictions accrues sur leur vie dans les États du Nord parce qu’elles étaient noires. De nombreux hommes comme Washington Smith, le patriarche de la famille Smith, ont participé aux programmes d’aide à la colonisation rurale dans le canton de Sandwich, à titre de simples citoyens achetant des terres pour leur famille et de fiduciaires élus achetant des terres pour les écoles, les églises et les cimetières.

En février 1850, la Colored Industrial Society réorganisée par ses fiduciaires Alfred Kelly, George Williams, Phillip Morton (ou Molton), a acheté 200 acres de terres des mains de Josette Berthelet (née Bouchette) pour 125 livres – lots 142 et 143 de la troisième concession (également connue sous le nom de Base Line Road, County Road 42 aujourd’hui) dans le plan d’arpentage enregistré 65 dans Sandwich Est (qui fait maintenant partie de la ville de Tecumseh), lesquels ont été divisés en 20 parcelles de terrain de dix acres. Vingt-cinq acres ont été détenus en réserve pour ériger une école, une église et un cimetière.3 Les parcelles de terrain ont été vendues aux colons noirs qui étaient empressés de commencer une vie d’hommes et de femmes libres.

Parmi les acheteurs initiaux des lots de dix acres, il convient de mentionner Dyna Smith, Weedon Johnson, Mitchell DeBerry, John Wesley Herbert, Henry Brant, Henry Smith Sr., George Williams, William Baker, William Kelly, Thomas Butler, Starkie Reid, William Banyard, George Newman, George Harris et Henry Norrid. Des familles noires se sont également établies sur d’autres lots le long de la troisième concession. Washington Campbell (frère de l’agent Israel Campbell) et sa famille étaient propriétaires de terrains sur les lots 136 et 137. William Posey était propriétaire d’une partie du lot 137.4 James Ross, qui s’est fait voler et injurier par Levi Stewart le 18 juillet 1899 et qui a succombé à ses blessures deux jours plus tard, était propriétaire de 50 acres de la partie sud du lot 141. Stewart est le dernier homme qui a été pendu à Sandwich en 1900.5

À peu près au même moment, la Refugee Home Society (RHS), mise en œuvre par Henry Bibb, a acheté pour la première fois des parties des lots 125, 126 et 127 de la troisième concession le long de Lauzon Road dans Sandwich Est, à côté des colons de la Colored Industrial Society. La RHS a acheté les terres des mains de Denise Lucy Bouchette, sœur de Josette Berthelet. Les Berthelet et les Bouchette sont quelques-unes des familles francophones qui se sont établies au départ en Nouvelle France (Québec) et qui ont augmenté leurs avoirs fonciers le long de la rivière Detroit au XVIIIe siècle. En 1855, au moins huit familles s’étaient installées sur des parcelles de terrain de 25 acres de ces lots. John Martin, Thomas Coombs, Labin Collins, Jessie Stomers, Sarah Ann Cook, Allen Johnson, Henry Cooper et Granville White ont acheté quelques-unes de ces bandes de terre initiales. La RHS a également acheté des terres à Maidstone, ainsi que des parties des lots 119 et 120 de la troisième concession dans Sandwich Est.6

Les colons noirs ont travaillé pour défricher leur terre et répondre aux exigences de la colonisation. Ces fermiers cultivaient des terres et élevaient du bétail. Bon nombre d’entre eux devaient travailler comme hommes de main au service de fermiers écossais dans la région pour gagner de l’argent et soutenir leur famille. D’autres travaillaient dans divers domaines et exploitaient leurs propres entreprises. Albert Scott était un vétérinaire très demandé dans la région.7 Benjamin Stewart servait la communauté à titre de ministre de l’Église méthodiste épiscopale britannique. Des douzaines de familles noires exploitaient des fermes fructueuses.

La propriété foncière était très importante pour les Noirs, particulièrement pour ceux qui avaient obtenu récemment leur liberté. Posséder sa propre terre était alors synonyme d’autodétermination, de contrôle de l’avenir et de sécurité financière. La propriété foncière offrait un levier financier. Les propriétaires francs pouvaient emprunter en offrant leur terre en garantie financière. La possession d’une propriété les a rapprochés de leur vision de la liberté et de l’indépendance.

Certaines familles ne sont pas demeurées sur leur terre pendant très longtemps. Elles ont vendu leur propriété à d’autres Noirs qui arrivaient ou à des descendants des premiers colons français. Un bon nombre l’ont conservée et l’ont louée à des locataires noirs. Ils ont utilisé les profits réalisés grâce aux améliorations pour s’installer aux États-Unis après la fin de la Guerre civile ou dans d’autres parties de l’Ontario.

La famille Smith

Washington Smith comptait parmi les centaines d’Afro-Américains qui sont venus dans le comté d’Essex en quête d’une vie meilleure. Il est arrivé au Canada en 1847, en provenance de la Virginie, et s’est installé à Sandwich. En 1861, Smith, sa femme et ses deux enfants étaient inscrits sur la liste des électeurs de la ville de Windsor.8 Sa première femme, Catherine, est morte la même année. Il a épousé Amanda Stewart, fille de George et Lively Stewart (née Harris) le 7 septembre 1862.9

En octobre 1862, Smith a acheté vingt-cinq acres de terre auprès des fiduciaires de la RHS, Horace Hallock et Edward Chandler Walker (deuxième fils de Hiram Walker), pour 85,00 $. Sa bande de terre était un huitième du lot 17 sur la neuvième concession dans la partie ouest du lot dans le canton de Sandwich Est, juste à la frontière avec Maidstone (aujourd’hui Manning Road/County Road 19). Ce fut la résidence permanente de la famille Smith où neuf enfants ont été élevés.10

En 1887, la mise en tutelle de la moitié sud du lot 10 de la troisième concession dans Sandwich Est a été transférée des fiduciaires survivants de l’Église épiscopale méthodiste britannique de Windsor, Branston Coleman et George Pyatt, aux fiduciaires Franklin Henderson et Washington Smith. Cette terre était destinée à une église épiscopale méthodiste britannique et son cimetière.11 Smith était un fiduciaire depuis 1877 lorsqu’une réunion spéciale a été tenue à l’église de Windsor sur la rue McDougall pour remplacer les fiduciaires sur l’acte original des lots 10 et 11 puisque ceux-ci étaient décédés.12 (À l’origine, cette terre appartenait à l’Église méthodiste épiscopale africaine. En 1856, l’Église méthodiste épiscopale africaine de Sandwich a choisi de faire partie de la chapelle de l’Église méthodiste épiscopale britannique de l’Ontario à Windsor, au 363, rue McDougall, laquelle était l’une des congrégations originelles provinciales de l’Église méthodiste épiscopale britannique. La Conférence de l’Église méthodiste épiscopale britannique a été mise sur pied en 1856, se séparant de la Conférence de l’Église méthodiste épiscopale africaine des États-Unis. Les membres qui appuyaient la proposition pour une nouvelle église voulaient que le nom reflète leur reconnaissance envers la Couronne britannique de leur fournir un sanctuaire à l’abri de l’esclavage américain, particulièrement en raison de l’augmentation des tensions avant la Guerre civile. Les partisans cherchaient également une plus grande autonomie par rapport au corps dirigeant américain – d’où le changement pour un cimetière de l’Église méthodiste épiscopale britannique.)

Développement de la conscience communautaire

La communauté noire de Sandwich s’est développée de manière cohérente. Elle a établi les institutions dont elle avait besoin. En 1851, Henry et Mary Bibb ont entrepris la publication du premier journal anti-esclavagiste, The Voice of the Fugitive, et ils ont ouvert la première école pour enfants noirs. La création d'écoles viables à long terme s'est avérée difficile en raison de plusieurs facteurs, mais plusieurs tentatives ont été réalisées. Les Noirs qui ont immigré au Canada en quête d’une vie libre ont reconnu que l'éducation des jeunes et des moins jeunes était une chose importante pour améliorer leurs conditions. Une école missionnaire était en activité à Sandwich dans les années 1840, sous la direction de Reuben Haskell et de son épouse.13 Laura de Havilland dirigeait une école à Little River dans la troisième concession de Sandwich.14 En 1852, le journal The Voice of the Fugitive faisait mention d’une école dirigée par une enseignante blanche nommée Miss Prescott. Il arrivait qu’aucune école ne soit en activité. Les familles noires se sont heurtées à la discrimination raciale lorsqu'elles ont voulu faire bénéficier leurs enfants de l'éducation publique, car ceux-ci étaient mal accueillis dans les écoles publiques locales pendant un certain temps. Une école distincte pour les enfants noirs a été créée par les commissaires scolaires locaux et a fonctionné jusqu'en 1893. George et Lively Stewart, des contribuables fonciers, ont intenté une action en justice contre les administrateurs scolaires locaux en 1864 parce que leur fille Lively Frances n'avait pas le droit de fréquenter l'école publique locale, la section scolaire 8. Le juge s'est prononcé en faveur des Stewart.15

Dès leur arrivée dans la région de Windsor, les colons afro-américains ont fondé des églises qui se sont d'abord rassemblées dans les résidences locales jusqu'à ce que des fonds soient réunis pour construire des lieux de culte. En 1851, les droits d'entrée et les ventes de nourriture de l'événement du Jour de l'émancipation à Sandwich ont été versés au fonds de construction de l'église baptiste de Sandwich.16 Des branches d'ordres fraternels et de sociétés d’assistance ont été créées. Ces groupes se sont engagés dans des activités caritatives et politiques au nom de la communauté noire de la région. Ils ont également créé des soutiens importants. De nombreuses activités anti-esclavagistes se déroulaient à la frontière entre Detroit et Windsor. Les abolitionnistes noirs ont créé la Fugitive Union Society pour aider les nouveaux demandeurs de liberté à se nourrir, se vêtir, se loger et trouver un emploi. Les membres de la communauté s'engageaient également dans des activités sociales. Les familles célébraient leur liberté lors des commémorations du Jour de l'émancipation, le 1er août.17 Les gens se rassemblaient à l’occasion de diverses activités sociales tout au long de l'année.

Des Noirs ont âprement défendu leurs familles et leurs communautés contre une éventuelle annexion par les États-Unis pendant les rébellions de 1837-1938 par crainte d'un ré-asservissement possible. Plus de 200 hommes se sont engagés comme volontaires dans plusieurs unités pour protéger Fort Malden (Amherstburg).

Les enfants des premiers colons noirs se mariaient entre eux. C'était un autre moyen de forger et de maintenir des liens communautaires solides. Amanda Smith a épousé David Scott et John Washington Smith a épousé Joanna Scott, les deux enfants d'Albert et Phoebe Scott.18 Robert Smith a épousé Myrtle Turner.

De nombreux enfants des premiers colons sont partis aux États-Unis à la recherche de meilleures possibilités d'éducation et d'emploi. Les filles Edna, Eliza et Victoria ont déménagé à Chicago en 1900 et ont emmené leur nièce Phoebe Hazel, la fille d'Amanda. Là-bas, ils se sont mariés et se sont installés au sud de la ville.19 David Smith a déménagé à Detroit en 1900 après avoir fermé le Hunters’ Home Hotel qu'il exploitait sur le lot 127 de Base Line Road. Il a été contraint de fermer lorsque des accusations ont été portées contre lui pour avoir servi de l'alcool après des heures permises, la nuit où l'ami de la famille James Ross a quitté son bar et a ensuite été volé et tué. Le frère cadet Robert et son épouse Myrtle ont également déménagé à Détroit.20 Robert est probablement revenu après le décès de Myrtle. En 1921, il vivait à Maidstone au domicile familial avec son épouse Grace et leurs jeunes enfants.21 Robert et sa famille sont retournés à Détroit en 1930. Leur immigration aux États-Unis illustre le mouvement transfrontalier extérieur et continu des Afro-Canadiens.

Le cimetière Smith

Des lieux d'inhumation, dernier repos des colons noirs des communautés de la région de Windsor, étaient également envisagés dans les projets de colonisation. Ces familles, issues d'une histoire d'esclavage brutal, de séparation familiale et de répression raciale, pouvaient choisir où enterrer leurs proches et avoir leurs ancêtres près d'eux. Lorsque la tutelle du lot dix de la troisième concession a été transférée à Washington Smith et Franklin Henderson, le terrain a été désigné comme cimetière pour une future église épiscopale méthodiste britannique.

On ne sait pas quand l'utilisation du cimetière a commencé. Les premières tombes étaient marquées par une croix en bois qui pourrissait avec le temps. Certaines tombes s'enfonçaient dans le sol meuble et humide. D'autres étaient envahies par l'herbe et les buissons. En 1967, l'auteure Charlotte Bronte Perry a mentionné que trois pierres tombales portaient les dates 1865, 1870 et 1887, mais que les noms étaient illisibles.22 L'une des premières sépultures de la famille Smith était probablement celle d'Amanda Smith, matriarche de la Famille Smith. Elle est décédée le 18 octobre 1884 dans le comté d'Essex, en Ontario.23 La première pierre tombale visible marque la tombe de James F. Ross, le premier mari d'Eliza Smith. Lui et Eliza se sont mariés à Milwaukee, Wisconsin, le 22 août 1898. Ross est décédé le 25 juillet 1908 à Chicago, Illinois, où lui et Eliza résidaient.24 En 1909, Myrtle Smith (née Turner), épouse de Robert Smith, a été enterrée dans le cimetière. Elle est décédée à Detroit, Michigan. L'institutrice noire Julia Turner, qui enseignait à Amherstburg, était sa tante paternelle.25

Washington Smith s’est éteint paisiblement à son domicile le 5 mai 1912. Il était considéré comme « l'un des plus anciens résidents de Sandwich Sud ».26 John W. Smith, fermier, cadet de Washington et Amanda Smith, est décédé le 19 novembre 1919 à l'hôpital Hôtel-Dieu de Windsor, après une brève maladie.27

Il reste cinq pierres tombales dans le cimetière de Smith, toutes de parents de Washington Smith. Louis Smith a déménagé à London, Ontario, en 1900 et a travaillé comme charpentier. Il y est décédé en 1922.28 Eliza Bish est décédée en décembre 1930 à Chicago.29 La troisième pierre tombale restante est celle de Myrtle Smith. Les tombes communes d'Amanda Wray (née Smith) et de son époux James Wray sont marquées par la quatrième. Ils ont fait leur vie à Maidstone.30 La cinquième pierre tombale est celle de James F. Ross, comme mentionné précédemment. Une sixième pierre tombale a été reconstituée à partir de plusieurs morceaux recimentés. Alonzo et Israël sont deux noms. Cela révèle l’existence de plusieurs autres inhumations inconnues.

L'inhumation de plusieurs autres parents de Smith est commémorée sur une pierre tombale qui a été installée en 1978 par Robert C. Smith, fils de John et Joanna Smith. Edna Boarman (née Smith) a été enterrée dans le cimetière familial en août 1938. Elle est décédée à Chicago le 11 août 1938.31 George a vécu avec son père chez eux à Maidstone toute sa vie.32 Robert Raymond Smith est décédé le 1er novembre1936 à Détroit, alors qu'il travaillait comme serveur à bord de navires d'excursions de la Detroit and Cleveland Navigation Company. Robert a été la source d’information de l’acte de décès de David C. Smith.33 David, un fermier à la retraite, vivait avec Robert et sa troisième épouse, Margaret Grace Demske, lorsqu'il est décédé également à Détroit le 21 avril 1927.34 La plus jeune fille de Washington et d'Amanda, Victoria Rollins, est décédée en 1949. La fille d'Amanda Bish, Phoebe Hazel Boarman (née Scott), avec son premier mari David Christopher Scott, est décédée à Chicago le 27 novembre 1935.35 La dernière personne sur la plaque commémorative est John Wilson. Les dates de sa naissance et de sa mort sont inconnues. Un certain John Wilson, « noir », était un voisin de longue date de la famille Smith. Il vivait dans la subdivision sud-ouest du lot 17 avec Louisa Payne, veuve, épouse de Louis Payne, un autre acheteur de terres de la RHS. Il dirigeait la ferme Payne.36

Les restes des Smith, qui ont vécu aux États-Unis, ont été rapatriés à Sandwich pour y être enterrés. Les Smith, comme toutes les familles, ont participé aux cérémonies funéraires sur le site. Un voisin blanc, Joseph Baillargeon, se souvient, jeune garçon, avoir vu plusieurs processions funéraires se rendre au cimetière et y tenir des cérémonies pour honorer les morts.37 Grâce aux efforts de Robert C. Smith, fils de John et Joanna Smith, la ville de Tecumseh a assuré le contrôle et a pris soin du cimetière Smith en 1977. Une clôture a été érigée, et les pierres tombales restantes ont été déplacées à l'avant du lot et disposées sur une dalle de ciment pour être visibles depuis Banwell Road.

Héritage de la colonisation

Les hommes et les femmes noirs qui se sont installés le long de Base Line Road dans les cantons de Sandwich Sud et Sandwich Est ont travaillé et peiné pour forger une vie libre pour leurs proches sur des terres qui appartenaient autrefois à des pionniers français qui asservissaient les personnes de descendance africaine. Ils ont surmonté beaucoup d’injustices, de défis et de conditions difficiles dans le but d'améliorer la vie de leurs familles et des autres membres de la communauté. L'établissement sur Base Line Road a permis aux demandeurs de liberté et aux Noirs libres de vivre une existence autonome et d'établir de solides liens communautaires intimement liés avec les résidents des deux projets d'installation organisés de Noirs ainsi qu'avec les Noirs de Windsor et d'autres communautés du comté d'Essex.

Grâce à leur engagement communautaire et à leur activisme politique, les Noirs des cantons de Sandwich ont apporté une contribution importante au développement de la région et du Canada. Le cimetière Smith est important non seulement pour la famille, mais aussi pour l'histoire collective du comté d'Essex. C'est un symbole de permanence, de présence et de résidence. Le rapatriement des Smith décédés vers le terrain du cimetière familial témoigne de l'importance du domicile et de l'unité pour les descendants de peuples asservis qui étaient souvent séparés et dispersés de force. Ils sont retournés à Base Line Road, un endroit où certains des premiers citoyens noirs du comté d'Essex et leurs descendants ont laissé un héritage indélébile de l'histoire des Noirs en Ontario.


La Fiducie du patrimoine ontarien tient à remercier sincèrement Natasha Henry dont les travaux de recherche nous ont permis de rédiger le présent document.

© Fiducie du patrimoine ontarien, 2015


1 Benjamin Drew, Refugees from Slavery: Narratives of Fugitive Slaves in Canada. Toronto : Dundurn Press, 2008, p. 302, p. 343-344.

2 “Colored Settlements and Schools.” Voice of the Fugitive, 29 janvier 1852, 2; “Colored Settlements.” Voice of the Fugitive, 12 février 1851, 2.

3 Elle était la veuve de Henri/Henry Berthelet, fils de Pierre/Peter Berthelet. Pierre possédait d’importantes propriétés à Montréal et à Détroit. Ses biens comptaient au moins deux esclaves noires. La famille Bouchette possédait également des esclaves à Montréal. Le sujet est abordé par Frank Mackey dans son livre, Done With Slavery. Henri et Josette ont également asservi au moins une jeune fille noire. Édouard Fabre-Surveyer, « Pierre Berthelet et sa famille (au Canada et aux États-Unis) », Transactions, Société royale du Canada, 3e série, 37 (1943), sect. II: 57–76; Henry Berthelet Papers 1799-1833, Detroit Public Library Deed No B111, Essex County Land Registry Office Records Copybook of Instruments, Sandwich Township v.B (1-610) 1850-1853: 174-178, bobine de microfilm GSU160204, Archives publiques de l'Ontario.

4 Essex County Land Registry Office Abstract Index Books, Sandwich East Township, v. A-B ca. 1795–1949: 458-481, bobine de microfilm GSU160207, Archives publiques de l’Ontario.

5 Windsor Evening Record, 18, 19, 20, 22, 24, 27 juillet 1899, 5 février 1900. James Ross est inhumé au Windsor Grove Cemetery. Transcription de la pierre tombale : « ROSS, James d. 7-20-1899, ca. 80yrs, Alabama ». Voir « Windsor Grove Cemetery : Howard Ave. at Giles Blvd., Windsor, Ontario [transcription partielle],” (n.d.), inédit, Windsor Public Library : 24. Washington Smith a été juré au procès.

6 Peter Carlesimo, “The Refugee Home Society: Its Origin, Operation and Results, 1851-1876,” thèse de maîtrise, département d’histoire, Université de Windsor, 1973, 67-70, 74.

7 Albert Scott était le beau-père d’Amanda, fille de Washington Smith.

8 Recensement du Canada pour le canton de Sandwich Sud, 1901, et le canton de Windsor, 1861.

9 Mariage de Washington Smith et d'Amanda Stewart, 7 septembre 1862, Ontario, Canada, Registres des mariages de comté, 1858 - 1869. Les Stewart possédaient le lot 19, sous-sections 1-4, concession dix à Sandwich.

10 Essex County Land Registry Office Records Abstract Index Books, Sandwich East Township, v. A-B ca 1795 – 1949: 692-693, bobine de microfilm GSU160207, Archives publiques de l’Ontario ; Acte notarié # 318, Essex County Land Registry Office Records Copybooks, Sandwich Township (East) v. E (1-539) 1861–1866: 469-470, bobine de microfilm GSU160208 Archives publiques de l’Ontario; Essex County Land Registry Office Records Sandwich East v. 15 Index 1882 – ?, bobine de microfilm GSU160505 Archives publiques de l’Ontario; rôle d’évaluation, comté d’Essex, canton de Sandwich Est, Maidstone,1887–1914, bobines de microfilm 25, 26.

11 Acte notarié no P4628, Essex County Land Registry Office Records Copybooks: Sandwich Township (East), vol. P (4396-4787) 1886-1888: 541-543, bobine de microfilm GSU172284, Archives publiques de l’Ontario.

12 Acte notarié No J2299, Essex County Land Registry Office Records Copybooks: Sandwich Township (East), vil. I (1643-2007) 1874 – 1876, vol. J (2008 - 2394) 1876 - 1878: 678-681, bobine de microfilm GSU1722881, Archives publiques de l’Ontario.

13 Seventh Annual Report of the Canada Mission, Rochester, 1844, 7.

14 Donald Simpson, Under the North Star: Black Communities in Upper Canada Before Confederation. Trenton: 2005, 29.

15 Sara Z. Burke, Patrice Milewski (editors), Schooling in Transition: Readings in Canadian History of Education. Toronto: University of Toronto Press, 2011, 235; Robin Winks, The Blacks in Canada: A History. 2e éd. Montréal et Kingston : McGill-Queen’s University Press, 1997, 374. La décision est la suivante :

    416. Le droit de s’inscrire à l’école publique n’est pas aboli par l’établissement d’une école distincte;
    -- Reprise au terme de l’école distincte. Le juge en chef Draper déclare : « Nous estimons impossible de soutenir que si une école distincte a déjà été établie, la classe pour laquelle elle a été créée ne peut, lorsqu'elle est suspendue, revendiquer les privilèges conférés par la Loi sur l’école publique. La création d'une école distincte suspend, mais n'annule pas ces privilèges et lorsque l'école distincte cesse d'exister, les droits reprennent effet. Par conséquent, le requérant, si ses droits en tant que résident de la section scolaire 8 ont été suspendus, lui sont restitués. L'affaire Washington c. Charlotteville School Trustees, [supra], reconnaît le principe auquel nous sommes assujettis en l'espèce. Nous devons considérer que les personnes de couleur ne doivent pas être exclues des écoles publiques ordinaires, s'il n'y a pas d'école distincte créée et en fonction à leur usage. »
    Réf. : Stewart et Sandwich East School Trustees (1864), 23 U.C.Q.B. 643 (C.A.).
    "The Canadian abridgment: a digest of reported decisions of the Supreme and Exchequer Courts of Canada, and of all the courts of the Common Law provinces, including appeals to the Privy Council and also decisions from the courts of Quebec of universal application," (1999). Volume 35, numéro 1974, 86.

16 Natasha Henry, Emancipation Day: Celebrating Freedom in Canada. Toronto: Dundurn Press, 2010, 57.

17 Ibid.

18 "Ontario Marriages, 1869-1927," index, FamilySearch (consulté le 9 mai 2015), Washington Smith en introduction pour David Scott et Mawda Smith, 4 juin 1898; citant l’enregistrement, Windsor, Essex, Ontario, Canada, Archives publiques de l’Ontario, Toronto; FHL microfilm. Selon son acte de décès dans le Windsor Evening Record, 20 mars 1899, Alfred Scott a échappé à l’esclavage en Virginie et a pris la route vers le Canada, Il a vécu dans la caserne de Windsor avant d’acheter une propriété à Maidstone. Des membres de la famille sont enterrés au Puce Memorial Cemetery.

19 Edna a épousé le musicien et porteur George Richard Boarman, Eliza a épousé son deuxième mari Miles Ellis Bish, Victoria a épousé James E. Tuppins, puis Walter Rollins, et Phoebe Hazel a épousé Albert Boarman, cousin de George. "Illinois, Cook County Marriages, 1871-1920," Base de données, FamilySearch (consulté le 15 juin 2015), George Boarman et Edna Smith, 29 novembre 1895; citant Chicago, Cook, Illinois, 242020, Cook County Courthouse, Chicago; FHL microfilm 1 030 257 ; "Illinois, Cook County Marriages, 1871-1920," index, FamilySearch (consulté le 6 mai 2015), Miles E Bish et Eliza Rass Or Ross, 24 décembre 1912; citant Chicago, Cook, Illinois, 616118, Cook County Courthouse, Chicago; FHL microfilm 1 030 536 ; "Illinois, Cook County Marriages, 1871-1920," Base de données, FamilySearch (consulté le 15 juin 2015), James E. Tuppins et Victoria Smith, 19 mars 1902; citant Chicago, Cook, Illinois, 341795, Cook County Courthouse, Chicago; FHL microfilm 1 030 335. VICTORIA "Illinois, Cook County Marriages, 1871-1920," Index, FamilySearch (consulté le 18 mai 2015), Albert Boarman et Pheobe Hazel Scott, 26 avril 1915; citant Chicago, Cook, Illinois, 694073, Cook County Courthouse, Chicago; FHL microfilm 1 030 594.; United States Census pour South Town Chicago City Ward 3, Cook, Illinois pour les années 1900, 1920, 1930, 1940.

20 United States Census pour Detroit Ward 11, Wayne, Michigan pour 1920.; 1903 Detroit City Directory, 1943.; 1921 Detroit City Directory, 1828.

21 Recensement du Canada pour le canton de Maidstone, Essex Nord pour 1921.

22 Charlotte Bronte Perry, The Long Road: A History of the Coloured Canadian in Windsor, Ontario 1867-1967. Volume 1. Windsor: Sumner Print. & Pub. Co, 1967, 29.

23 "Ontario Deaths, 1869-1937 et Overseas Deaths, 1939-1947," Index, FamilySearch (consulté le 10 mai 2015), Amanda Washington, 18 octobre 1884; citant Windsor, Essex, Ontario, année 1884, no de certificat 3925, Archives publiques de l’Ontario, Toronto; FHL microfilm 1 853 241. Windsor Evening Record, 24 novembre 1894: 2; Windsor Evening Record, 8 décembre 1894: 2; Windsor Evening Record, 14 décembre 1894: 5.; Essex County Supreme Court Judgement Book, RG 22-1805-0-1, 195; Winnie Hill (née Stewart), sœur d’Amanda, a intenté une poursuite pour que la terre achetée par ses parents soit vendue et que l’argent obtenu soit partagé entre leurs héritiers.

24 James F. Ross est né en 1866 à Hawkins, Tennessee, d’Ellen et F.K. Ross.; Ancestry.com. Cook County, Illinois, Deaths Index, 1878-1922 [base de données en ligne]. Provo, UT, USA: Ancestry.com Operations, Inc., 2011. Données d’origine: Illinois, Cook County Deaths 1878–1922.” Index. FamilySearch, Salt Lake City, Utah, 2010. Illinois Department of Public Health. “Birth and Death Records, 1916–présent." Division of Vital Records, Springfield, Illinois.; Windsor Evening Record, 27 juillet 1908: 7.

25 The Library of Michigan; Michigan Death Records, 1897-1920; Rolls: 1-302; Archive Barcode/Item Numéro : 30000008532487; numéro de rôle : 136; numéro de certificat : 2099; pour un récit approfondi de la vie de Julia Turner, lisez Writing the Life of Julia Turner par Afua Cooper. Ses grands-parents paternels étaient des chercheurs de liberté. Henry a servi en tant que sergent chez les Black Caldwell’s Rangers lors des rébellions de 1837-1838.

26 Washington Smith est inscrit sur des rôles consécutifs d’imposition et de perception fiscales jusqu’en 1912; Windsor Evening Record, 6 mai 1912: 7; Windsor Evening Record, 7 mai 1912: 2; Windsor Evening Record, 8 mai 1912: 1.

27 "Ontario Deaths, 1869-1937 and Overseas Deaths, 1939-1947," Index, FamilySearch (consulté le 6 mai 2015), Washington Smith en introduction pour John W. Smith, 19 novembre 1919; citant Maidstone, Essex, Ontario, année 1919, no de certificat 12555, Archives publiques de l’Ontario, Toronto; FHL microfilm 1 862 963. Avis de décès Essex Free Press, 21 novembre 1919: 8; Windsor Border Cities, 19 novembre 1919: 3; Windsor Border Cities, 21 novembre 1919: 3.

28 "Ontario Deaths, 1869-1937 and Overseas Deaths, 1939-1947," Index, FamilySearch (consulté le 6 mai 2015), Washington Smith en introduction pour Louis Smith, 10 décembre 1922; citant London, Middlesex, Ontario, année 1922, no de certificat 21242, Archives publiques de l’Ontario, Toronto; FHL microfilm 1 907 007. Windsor Border Cities, 22 mai 1923.

29 "Illinois Deaths and Stillbirths, 1916-1947," Base de données, FamilySearch (consulté le 16 juin 2015), Eliza Bish, 2 décembre 1930; Public Board of Health, Archives, Springfield; FHL microfilm 1 892 693.

30 "Ontario Deaths, 1869-1937 and Overseas Deaths, 1939-1947," Base de données avec images, FamilySearch (consulté le 16 juin 2015), James Wray, 9 juillet 1931; citant Essex, Maidstone, Ontario, 448, Archives publiques de l’Ontario, Toronto; FHL microfilm 2 296 528; Amanda est décédée en 1952.

31 Avis de décès d’Edna Boarman dans le Windsor Star, 13 August, 1938; "Illinois Deaths and Stillbirths, 1916-1947," Base de données, FamilySearch (consulté le 16 juin 2015), Edna Boarman, 11 août 1938; Public Board of Health, Archives, Springfield; FHL microfilm 1 953 322.

32 George est décédé en 1923.

33 "Michigan, Death Certificates, 1921-1952," Base de données, FamilySearch (consulté le 16 juin 2015), Robert B Smith, 1er novembre 1936; citant Detroit, Wayne, Michigan, United States, Division for Vital Records and Health Statistics, Lansing; FHL microfilm 1 972 880.

34 "Michigan, Death Certificates, 1921-1952," index, FamilySearch (consulté le 6 mai 2015), Washington Smith en introduction pour David C Smith, 21 avril1927; citant Detroit, Wayne, Michigan, United States, Division for Vital Records and Health Statistics, Lansing; FHL microfilm 1 972 982.

35 David Scott est décédé le 7 juin 1903 dans le comté Essex. Il travaillait comme barman à l’hôtel de David Smith. Ancestry.com. Illinois, Deaths and Stillbirths Index, 1916-1947 [base de données en ligne]. Provo, UT, USA: Ancestry.com Operations, Inc., 2011. Original Data: "Illinois Deaths and Stillbirths, 1916–1947." Index. FamilySearch, Salt Lake City, Utah, 2010.

36 Recensement du Canada pour le canton de Maidstone, Essex Nord pour 1911 et 1921.

37 Windsor Daily Star, septembre 1977.