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Siège social de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie

Le 14 août 2012, la Fiducie du patrimoine ontarien et la Financière Sun Life ont dévoilé une plaque provinciale à la Financière Sun Life, à Waterloo (Ontario), pour commémorer le siège social de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie.

Voici le texte de la plaque :

SIÈGE SOCIAL DE LA MUTUELLE DU CANADA, COMPAGNIE D’ASSURANCE SUR LA VIE

    Le siège social de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie (désormais le siège social des opérations canadiennes de la Financière Sun Life) est achevé en 1912. Conçu par l'architecte canadien Frank Darling, du cabinet d'architectes torontois Darling and Pearson, ce bâtiment impressionnant de style néorenaissance est, entre autres, orné de deux paires de colonnes ioniques cannelées de deux étages, soutenant un grand arc en segment de cercle surplombant les portes principales, d'encadrements de fenêtre sophistiqués et d'un parapet agrémenté d'une balustrade. Il est revêtu de briques romaines brun et jaune clair et orné de baies en saillie à frontons et de pierres d'angle. Plusieurs des détails décoratifs de la façade sont en terre cuite anglaise importée. Situé dans un cadre paysager académique, ce bâtiment est un pavillon de société à la fois unique et emblématique. Sa taille monumentale et sa magnifique ornementation symbolisent l'importance et la stabilité de la première compagnie d'assurance-vie de Waterloo et témoignent de la prospérité de la ville au début du XXe siècle et du sentiment de fierté civique qui y régnait.

Historique

En mai 1912, le nouveau siège social de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, ouvre ses portes au public à Waterloo, en Ontario. Situé sur une parcelle de 2,7 hectares (6,8 acres) à l'angle des rues King et Union, à la frontière avec Kitchener1, c'est de loin l'édifice le plus impressionnant de Waterloo. Bâti dans le style « renaissance moderne », l'édifice est un symbole de la réussite de la société ainsi que de la réputation grandissante de Waterloo en tant que pôle canadien majeur du secteur des assurances. L'immeuble force l'admiration de tous; comme l'exprime un critique du magazine Construction, « Waterloo peut, à juste titre, être fière du bâtiment de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, lequel est emblématique de l'esprit progressiste régnant dans la collectivité »2. L'origine de cet « esprit progressiste » est communément attribuée aux communautés mennonites et allemandes de la région, qui valorisent l'activité collective, le soutien mutuel et la prise d'initiative. Quelque peu laissés pour compte par les institutions et sociétés qui dominent les autres collectivités canadiennes, les habitants de Waterloo ont l'habitude de faire preuve d'initiative et de créer leurs propres institutions3.

La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, voit le jour près de cinq décennies avant le déménagement de son siège social en 1912. En 1868, soit l'année suivant la Confédération, la société est constituée en personne morale sous le nom de The Ontario Mutual Life Assurance Company. Elle est fondée par plusieurs membres éminents et estimés de la collectivité : le député fédéral Isaac Erb Bowman, le député provincial Moses Springer, et les médecins Cyrus M. Taylor et J.W. Walden4. La société repose sur le principe de la « mutualité », afin de veiller à ce que son capital appartienne à ses titulaires de police et non à des actionnaires (généralement étrangers)5. L'activité de l'Ontario Mutual Life Assurance Company démarre en 1870, lorsqu'elle établit ses 500 premières polices.

Au cours de ses 10 premières années d'existence, la société loue successivement plusieurs locaux dans le centre de Waterloo. En 1880, elle s'installe dans ses premiers quartiers construits spécialement pour elle à l'angle des rues Albert et Erb (place du marché de Waterloo), qu'elle occupe pendant plus de 30 ans. En 1877, la société avait effectué une demande de constitution en personne morale par le Parlement du Canada, en vue d'étendre son activité à l'ensemble du pays. Cette expansion débute en 1883 et, durant les cinq années qui suivent, des agents de la société sont nommés en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Colombie-Britannique, dans les Territoires du Nord-Ouest (qui comprennent l'Alberta et la Saskatchewan jusqu'en 1905) et à Terre-Neuve (qui est alors une colonie distincte de la Grande-Bretagne). En 1900, pour célébrer le siècle nouveau et refléter le succès de son activité nationale, la société change de nom et devient La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie. Dès 1908, il apparaît clairement que son immeuble de bureaux ne suffit plus pour héberger la société en plein essor, et des dispositions sont prises pour vendre le bâtiment et choisir un emplacement en vue d'y bâtir un nouvel édifice plus grand6. En décembre 1908, le conseil d'administration invite l'architecte canadien Frank Darling (1850-1923) à Waterloo pour obtenir ses conseils quant aux différentes options.

Frank Darling est un associé du cabinet d'architectes torontois primé Darling and Pearson, qui avait conçu un certain nombre d'imposants édifices d'inspiration classique à travers tout le Canada. Parmi les ouvrages remarquables du cabinet, figurent de nombreuses succursales de la Banque Canadienne de Commerce (notamment celle de Toronto qui est, à son achèvement, le plus haut immeuble du Commonwealth britannique), la salle des facultés de l'Université de Toronto, l’Hôpital général de Toronto et le superbe siège social de Sun Life du Canada, Compagnie d'Assurance-Vie, à Montréal7.

Fils de recteur, Frank Darling est né à Scarborough, en Ontario, en 1850. Une fois son diplôme du Collège Trinity de Toronto en poche, il effectue son apprentissage au sein du cabinet d'architectes torontois de Thomas Gundry et Henry Langley. De la fin de l'année 1869 (ou du début de 1870) à 1873, il se forme à Londres, en Angleterre, dans les bureaux de George Edmund Street, l'un des plus grands architectes de l'époque. Durant son séjour à Londres, il collabore également brièvement avec Sir Arthur Blomfield, l'architecte de la Banque d'Angleterre. Sa période de formation en Angleterre lui fait prendre conscience de la façon dont les formes historiques peuvent être adaptées aux besoins de la vie moderne8.

De retour au Canada, Frank Darling s'installe à Toronto, où il s'associe avec Henry MacDougall, puis avec Samuel George Curry. Il est choisi comme premier président honoraire par le Toronto Beaux-Arts Club9. En 1885, il dessine l'immeuble de la Banque de Montréal à Toronto, bâtiment monumental de style Beaux-Arts10. À partir de 1893, il se lance dans une association de 30 ans avec l'architecte britannique John Pearson (1867-1940)11. (L'ouvrage le plus connu de ce dernier est la reconstruction, en 1916, de l'édifice du Centre et de la Tour de la Paix de la Colline du Parlement, en collaboration avec Jean Omer Marchand.) Frank est admiré par ses pairs; en 1886, il est élu à l'Académie royale des arts du Canada et, en 1895, il officie en qualité de président de l'Ordre des architectes de l'Ontario. Au moment où il reçoit la commande de l'édifice de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, il est déjà considéré comme l'un des architectes les plus remarquables de l'Empire britannique12. En 1916, il devient le seul architecte canadien récompensé par une médaille d'or du Royal Institute of British Architects. On lui décerne également deux doctorats honorifiques (Université de Toronto, 1916; Université Dalhousie, 1923)13. Aux yeux du conseil d'administration de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, le choix de Frank Darling s'impose pour concevoir le nouveau siège social.

Pendant son séjour à Waterloo en décembre 1908, Frank Darling se rend sur les quatre sites « citadins » et les six sites « campagnards » proposés par le conseil d'administration. Sa visite terminée, il remet à ce dernier une liste exhaustive des avantages et inconvénients de chaque site. Il indique que certains des sites proposés sont trop petits pour être agrandis, sont de forme trop irrégulière, sont trop encaissés ou trop en pente, voire, dans certains cas, qu'ils sont situés trop près de sites de production (qui sont synonymes de risque d'incendie). Parmi les sites « citadins », l'édifice Devitt de la rue King est celui qui convient le mieux selon lui. Il émet toutefois de sérieuses réserves quant à l'emplacement, le jugeant trop proche du moulin à broyer le grain de William Snider, qui se trouve au sud et présente un risque d'incendie potentiellement important. Il estime que l'un des sites « campagnards », la propriété Randall, est idéal, bien que situé en dehors du centre de la ville. Le lieu est adéquatement élevé; avec son terrain s'étalant en pente de tous côtés, il offre de bons points de vue et le terrain comprend de nombreux arbres adultes (évitant ainsi d’avoir à effectuer un aménagement paysager important). Aucun bâtiment aux alentours ne constitue un danger d'incendie et le site est largement assez vaste pour permettre des agrandissements ultérieurs. En outre, Frank Darling note qu'il est suffisamment éloigné du tohu-bohu de la ville pour atténuer les effets du bruit et de la poussière14.

Lorsque le site Devitt s'avère trop onéreux, le conseil d'administration jette son dévolu sur le site Randall et choisit immédiatement Frank Darling comme architecte. Ce dernier opte pour un mélange éclectique d'éléments des styles néorenaissance et Beaux-Arts. Les principaux traits distinctifs de l'ouvrage sont ses colonnes et arcs proéminents, et ses proportions symétriques et monumentales15. Durant la période allant de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, les déclinaisons du classicisme sont plébiscitées par les banques, les sociétés de fiducie et les compagnies d'assurance en raison des valeurs qu'elles symbolisent : l'argent, le pouvoir, l'intégrité et la stabilité16. Alors que l'estimation initiale de Darling and Pearson pour la construction est de 201 000 $, son coût final s'élève à 212 964,68 $17.

Frank Darling conçoit un édifice imposant, bien positionné au cœur du vaste terrain. Il est ceint d'une grille de fer forgé de huit pieds de haut percée de piliers en briques. Dans la rue King, du côté nord de la propriété, les visiteurs franchissent un portail de fer forgé flanqué de grands piliers de pierre ornementaux pour se retrouver dans une avant-cour ovale au dallage de pierres hexagonales. Cette dernière mène à l'entrée principale de l'immeuble. Perché sur de hautes fondations en grès de l'Ohio, le bâtiment massif à deux étages (et un petit grenier) est paré de fines briques romaines brun et jaune clair, mises en valeur par des pierres angulaires lambrissées. Digne de son statut de siège de la première compagnie d'assurance-vie de Waterloo, l'édifice est agrémenté de nombreux détails sculptés, nombre desquels sont façonnés dans de la terre cuite claire importée tout spécialement d'Angleterre (la construction est légèrement retardée parce que l'entreprise anglaise Doulton and Company ne parvient pas à acheminer le matériau à temps)18.

La façade de la rue King possède les attributs les plus impressionnants de l'ouvrage, notamment un imposant portique central saillant. De larges marches de granite conduisent à des portes lambrissées de chêne en alcôve, flanquées de paires de colonnes ioniques cannelées juchées sur des socles massifs. Les colonnes sont coiffées d'un entablement décoré de fleurs et de feuilles sculptées ainsi que d'un grand fronton à arc en segment de cercle dont le tympan est lui aussi envahi par des fleurs et des feuilles soutenant un grand cartouche vierge. Ces motifs se retrouvent également autour des portes principales, surmontées d'un cartouche vierge plus petit (sur les dessins originaux de l'édifice réalisés par Frank Darling, les lettres « ML » devaient être gravées sur ce cartouche). Surplombant directement les portes principales, de grandes fenêtres arquées et des portes en glace livrent accès à un petit balcon à balustrade19. Trois grandes fenêtres à guillotine sont disposées de chaque côté du portique central. Chacune des fenêtres du rez-de-chaussée de la façade nord est surmontée d'un fronton de terre cuite moulée orné d'un petit cartouche frappé d'un « M » majuscule, tandis que les fenêtres à guillotine du premier étage sont légèrement moins richement décorées. Au-dessus d'une série de petites lucarnes (enchâssées dans l'entablement ouvragé), le bâtiment est couronné d'une corniche en saillie soutenue par des denticules et coiffée d'un parapet percé de balustrades par intermittence20.

La façade est de l'édifice (donnant sur la rue Union) arbore le même style néorenaissance que la façade nord. À chaque extrémité, des pierres angulaires grises lambrissées mettent en valeur deux grands pavillons à fronton, séparés par six fenêtres à guillotine munies de frontons moulés et de cartouches à monogramme (identiques à ceux de l'avant). L'entablement richement décoré, la corniche saillante, le parapet et la balustrade intermittente se retrouvent tous de ce côté.

L'édifice mesure environ 33 mètres sur 39 (110 pieds sur 130) et offre 1 446 mètres carrés (16 063 pieds carrés) d'espace de travail au personnel constitué de 24 hommes et de 14 femmes. L'intérieur bénéficie d'un traitement tout aussi somptueux que l'extérieur. Comme la revue Construction le fait remarquer en 1914, l'entrée revêtue de marbre mène, par-delà des baies à triple arc, à un corridor arborant des « panneaux de plâtre flanqués de pilastres de marbre vert antique et de murs carrelés de marbre »21. Les bureaux qui entourent le corridor renferment des boiseries en acajou et des finitions en plâtre et en chêne blanc. L'immense bureau principal à deux niveaux, ou « grand hall », constitue indubitablement la pièce maîtresse du bâtiment. Le vaste espace est coiffé d'une gigantesque prise de jour en verre transparent laissant entrer « une abondance de lumière »22 (elle a depuis été remplacée par une plaque en verre dépoli anti-UV)23. Une gypserie ouvragée représentant des feuillages, des motifs floraux, des couronnes, des cartouches et des panneaux monogrammés ceignent la prise de jour. Aux deux niveaux, des corridors font le tour du grand hall. On y accède grâce à des baies arquées couvrant les deux étages et flanquées de pilastres ioniques juchés sur de larges plinthes. Les ouvertures de la galerie du deuxième niveau sont munies de rambardes en fer ornées des lettres « ML » entremêlées. La salle de conférence se trouvant à l'étage est impressionnante, avec son lambrissage de chêne, son foyer de cheminée finement ouvragé (affichant une fois de plus le monogramme de la société), et son plafond de plâtre richement décoré.

Une fois l'ouvrage achevé le directeur général, M. Wegenast, se serait écrié : « Messieurs, nous ne le remplirons jamais ». Il est contredit moins de 10 ans plus tard, lorsqu'il est nécessaire d'agrandir le bâtiment. Cette fois, c'est le cabinet torontois Sharp and Horner qui est retenu pour dessiner l'annexe.

Andrew Sharp et Herbert Horner font connaissance au sein du cabinet Darling and Pearson, à Toronto, en 1902. Natif d'Écosse, l'architecte Andrew Sharp fait ses études à la Glasgow School of Art et travaille comme assistant de Sir John J. Burnet, l'un des plus grands architectes de Glasgow, avant d'émigrer au Canada en 1900. En 1902, il intègre le cabinet Darling and Pearson, où il passe sept années sous la supervision de Frank Darling, au poste de dessinateur en chef. Durant cette période, il devient expert dans la conception d'édifices bancaires. Originaire de Toronto, l'architecte Herbert Horner effectue la majeure partie de sa formation en architecture chez Darling and Pearson, où il débute en tant que dessinateur en 1900. De 1907 à 1910, il supervise un certain nombre de projets institutionnels et commerciaux pour le cabinet à Winnipeg et à Regina. Il travaille pour la Commission of Inquiry into the Canadian Northern Railway (Commission d'enquête sur le Chemin de fer Canadien du Nord) de 1911 à 1916, avant de s'enrôler dans l'armée de l'air (il a conçu tous les bâtiments du Royal Flying Corps au Canada). En 1919, à la fin de la Première Guerre mondiale, il ouvre un cabinet d'architectes avec Andrew Sharp. Au cours de leurs quatre années de partenariat, le cabinet Sharp and Horner construit nombre de banques, d'églises, sans oublier l'annexe de 1921 de l'édifice de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie24.

Andrew Sharp et Herbert Horner agrandissent le bâtiment de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, le portant à un total de 33 mètres sur 60 (110 pieds sur 200), en ajoutant environ 21 mètres (70 pieds) du côté est et 33 mètres (110 pieds) du côté ouest, ce qui nécessite la modification de pans entiers du bâtiment d'origine. L'agrandissement permet à la société de disposer de 1 378 mètres carrés (15 307 pieds carrés) d'espace de travail supplémentaire25. L'annexe d'Andrew Sharp et de Herbert Horner à l'édifice est conçue pour s'harmoniser avec la structure existante et ils reproduisent, dans la mesure du possible, les motifs architecturaux employés par Frank Darling. Le bâtiment est agrémenté de six fenêtres à guillotine additionnelles et d'un pavillon avec fronton, l'ensemble desquels est intégré à l'édifice originel au moyen d'un entablement ouvragé et d'une corniche ininterrompue. Ces éléments sont pratiquement de même forme que ceux de la construction d'origine, mais la maçonnerie et l'ornementation de terre cuite ne contrastent pas aussi fortement avec le briquetage. L'annexe des deux associés inclut aussi un petit quatrième étage, situé au-dessus de la corniche et surmonté d'une toiture à la Mansart recouverte de cuivre.

En vue d'accueillir l'agrandissement, plusieurs modifications doivent être apportées à l'intérieur d'origine. À l'extrémité sud du bureau principal, trois grandes fenêtres sont rapetissées et surélevées afin de faire place à deux imposantes portes-fortes au rez-dechaussée. Pour accorder les nouvelles fenêtres et la structure plus ancienne, des ferronneries ornementales assorties à celles des galeries latérales antérieures sont ajoutées à chaque fenêtre.

La nouvelle annexe ajoute une surface de travail presque équivalente à celle du bâtiment originel. Elle comprend davantage de bureaux pour les divers services de la société ainsi que plusieurs chambres fortes, une salle de réunion en comité restreint et une vaste salle de conférence. Andrew Sharp et Herbert Horner ont rallongé les corridors originaux sur toute la longueur de l'annexe. Cette dernière apporte également son lot de commodités, telles qu'un ascenseur à bouton-poussoir, un vide-lettres, un meilleur système de chauffage et de circulation d'air et un standard téléphonique. Les employés et leurs amis disposent de courts de tennis et de terrains de boulingrin en plein air. Il ne fait aucun doute que la Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, est une entreprise florissante.

Tout au long du XXe , la société continue de croître et de prospérer, et de nouveaux travaux d'agrandissement sont réalisés en 1927, 1939, 1954, 1967, 1976 et 1987. En 1988, la société intègre The Mutual Group. En 1999, ce dernier est démutualisé et devient Clarica, compagnie d'assurance sur la vie, avant d'être racheté par la Financière Sun Life en 200226.

Depuis son achèvement en 1912, l'édifice est un monument historique majeur, témoignant non seulement de l'importance du secteur de l'assurance à Waterloo, mais aussi de la prospérité et du sentiment de fierté civique qui animent la ville. Conçu par l'un des plus illustres architectes du Canada, il est considéré comme « l'un des immeubles de bureaux les plus attrayants du pays à l'époque »27. Il compte toujours parmi les fleurons architecturaux d'exception de la ville de Waterloo. En 1979, la façade du bâtiment de 1912-1921 a été désignée par la ville de Waterloo en vertu de la partie IV de la Loi sur le patrimoine de l'Ontario, pour sa valeur historique et architecturale28.


La Fiducie du patrimoine ontarien tient à exprimer sa gratitude à Katie Cholette pour le travail de recherche effectué dans le cadre de la rédaction de cet article.

© Fiducie du patrimoine ontarien, 2012


1 J.W. Cowls, A Century of Mutuality: 1870-1970, (Waterloo, Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie, 1970), p. 50-51.

2 « Waterloo, Ontario », Construction: A Journal for the Architectural, Engineering, and Contracting Interests of Canada, Toronto : H. Gagnier, Limited Publishers (avril, 1914) vol. VII, n° 4, p. 127. Traduction libre

3 À compter de 1863, Waterloo se distingue des autres villes et cités ontariennes par la présence de compagnies d'assurance fonctionnant selon le principe de la « mutualité », en vertu duquel le capital de la société est celui de ses titulaires de police plutôt que celui d'actionnaires. La première de ces compagnies est la Waterloo County Mutual Fire Insurance Company, fondée en 1863. Son choix d'appliquer le principe de la mutualité à l'assurance-vie est le premier du genre au Canada, et le succès rencontré par la compagnie d'assurance contre l'incendie témoigne de son efficacité. Kenneth McLaughlin et Sharon Jaeger, Waterloo: An Illustrated History 1857-2007 (Waterloo : City of Waterloo), p. 72. Traduction libre. L'un des commentateurs note cependant qu'en dépit de l'« esprit de coopération » régnant dans la région, de nombreuses personnes se méfient du secteur de l'assurance et les agents doivent batailler dur pour faire valoir les avantages et l'assurance auprès d'elles. J.W. Cowls. A Cenury of Mutuality: 1870-1970. (Waterloo : Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie), p. 20. Traduction libre

4 Cowls, A Century of Mutuality, p. 18-19.

5 Kenneth McLaughlin et Sharon Jaeger, Waterloo: An Illustrated History, 1857-2007 (Waterloo : City of Waterloo, 2007), p. 72.

6 La Dominion Life Assurance Company fait l'acquisition du bâtiment pour 21 500 $, ameublement compris. Krystal Rycroft, « Application to Ontario Heritage Trust for Provincial Plaque » (Demande de plaque provinciale présentée à la Fiducie du patrimoine ontarien), (Waterloo, Financière Sun Life, 2011), s.l.

7 Kelly Crossman, « Frank Darling », Dictionnaire biographique du Canada (Toronto et Montréal : Université de Toronto/Université Laval, 2000), s.l.

8 Ibid.

9 « History to the People », Portes ouvertes de la région de Waterloo, p. 6.

10 Ibid.

11 Janet Wright, « John Andrew Pearson », The Canadian Encyclopedia (2e éd.) (Edmonton, Hurtig Publishers Ltd., 1988), p. 1635.

12 « History to the People », Portes ouvertes de la région de Waterloo, p. 6.

13 Crossman, « Frank Darling ».

14 Lettre de Frank Darling (Darling and Pearson) à George Wegenast (directeur général de La Mutuelle du Canada, Compagnie d'Assurance sur la Vie), 22 décembre 2008. Archives de la Financière Sun Life.

15 Plus précisément, les caractéristiques de style « renaissance moderne » de l'édifice incluent ses pierres angulaires grises lambrissées, ses colonnes ioniques cannelées, son entablement ouvragé et sa solide corniche surmontée d'une balustrade.

16 Kalman, Concise History of Canadian Architecture, p. 496.

17 Krystal Rycroft, « Application to Ontario Heritage Trust for Provincial Plaque » (Demande de plaque provinciale présentée à la Fiducie du patrimoine ontarien), (Waterloo, Financière Sun Life, 2011), s.l.

18 Ibid.

19 Ibid.

20 « Mutual Life Building, Waterloo, ON ». The City of Waterloo, consulté le 27 mars 2012.

21 « Waterloo, Ontario ». Construction, p. 127. Traduction libre

22 « New Extension to Mutual Life Building, Waterloo, Ontario », Construction: A Journal for the Architectural, Engineering, and Contracting Interests of Canada. Toronto : H. Gagnier, Limited Publishers (octobre 1921) vol. XIV, n° 10, p. 289. Traduction libre

23 « History to the People », Portes ouvertes de la région de Waterloo, p. 7.

24 Le cabinet existe jusqu'en 1923, lorsqu'Andrew Sharp émigre en Californie. Herbert Horner s'installe ensuite à son compte à Toronto. « Andrew Sharp ». Biographical Dictionary of Architects in Canada 1800-1950, consulté le 11 avril 2012. « Herbert Horner ». Biographical Dictionary of Architects in Canada 1800-1950, consulté le 11 avril 2012.

25 Cowls, A Century of Mutuality, p. 51. La revue Construction indique que l'annexe fait environ 80 pieds sur 110. « New Extension », Construction, p. 293.

26 McLaughlin et Jaeger, Waterloo: An Illustrated History, p. 72.

27 Ibid., p. 110. Traduction libre

28 Règlement 79-188.