Menu

Commission des parcs du Niagara

Le vendredi 16 septembre 2005, à 11 h 30, la Fondation du patrimoine ontarien et la Commission des parcs du Niagara ont dévoilé une plaque provinciale célébrant la création de la Commission des parcs du Niagara.

Voici le texte de la plaque bilingue :

COMMISSION DES PARCS DU NIAGARA

    En 1885, la province de l’Ontario créa la Commission des parcs du Niagara. Cette mesure s’inscrivait dans le cadre d’un effort international visant à protéger la beauté naturelle des environs des chutes Niagara. La Commission originale comptait comme membres le colonel Casimir Gzowski, président, John W. Langmuir et J. Grant Macdonald, et avait pour mission d’assurer l’autofinancement du parc tout en permettant au public d’y avoir accès gratuitement. La Commission acquit des terrains situés le long de la rivière Niagara pour constituer le Parc de la Reine Victoria aux Chutes de Niagara qui accueillit ses premiers visiteurs le 24 mai 1888. Sous la gouverne de la Commission, ce parc s’étendant au départ sur 62,2 hectares, est devenu un parc de renom mondial de 1 720 hectares longeant toute la rivière Niagara et comptant d’importants lieux historiques nationaux et provinciaux, des jardins botaniques, une école d’horticulture et des aires récréatives. Le parc continue encore aujourd’hui de s’autofinancer.

THE NIAGARA PARKS COMMISSION

    In 1885, the Province of Ontario established The Niagara Parks Commission as part of an international effort to preserve the natural scenery around Niagara Falls. Originally, the Commission included Colonel Casimir Gzowski, Chairman, John W. Langmuir and J. Grant Macdonald, and was responsible for making the park self-financing while keeping admission free to the public. The Commissioners acquired parkland along the river to create Queen Victoria Niagara Falls Park, which opened on May 24, 1888. Beginning with a 62.2-hectare park, the Commission has grown to administer a world famous, 1720-hectare park along the full length of the Niagara River, nationally and provincially significant historic sites, botanical gardens, a horticultural school and recreation areas, while remaining financially self-sufficient.

Historique

Création d’un « Parc international » aux chutes Niagara

Dans les années 1870, les chutes Niagara devinrent une importante destination touristique, les cataractes recevant chaque année un quart de million de visiteurs.1 Cependant, les touristes visitant les chutes Niagara des deux côtés de la rivière étaient consternés par les pratiques commerciales privées qui se développaient aux abords des chutes de façon disgracieuse et sans aucun contrôle. Le côté canadien de la rivière était maintenant connu comme « The Front » (le secteur riverain primé). Les visiteurs se voyaient souvent harcelés et l’accès aux cataractes ne leur était possible que moyennant le paiement de commissions exorbitantes. « Les chauffeurs de taxi, les marchands de souvenirs, les photographes, entre autres, étaient devenus par l’exercice de leur commerce, une présence et une nuisance reconnues »2 et il devenait très difficile de profiter de la vue et de la beauté des chutes Niagara.

En 1878, lord Dufferin, Gouverneur général du Canada, a exprimé ses préoccupations lors de son discours au cours du déjeuner de l’Ontario Society of Artists à Toronto.

    Le plaisir qu’il [le visiteur] peut avoir retiré de son pèlerinage dans un lieu si célèbre, en tant qu’artiste ou que simple touriste, a été lamentablement gâché et battu en brèche par les inconvénients et les gênes qui lui ont été imposés par les divers intérêts qui ont sauvagement pris possession de tous les points d’observation des chutes pour solliciter le porte-monnaie du visiteur, dont les nerfs sont soumis à rude épreuve; et quand il est sur le point de se laisser aller à l’admiration du paysage et qu’il est sur le point de ressentir l’inspiration des beautés naturelles qui l’entourent, son imagination et ses facultés poétiques sont brutalement agressées et désorganisées par une quête pour dix sous. (traduction libre).3

Lord Dufferin a suggéré que « les gouvernements de New York et de l’Ontario, ou du Canada, devraient s’associer pour acquérir tous les droits qui ont pu être établis à l’encontre du public, et créer autour des chutes un petit parc public international … sous la responsabilité de bons gardiens » pour préserver le décor des chutes Niagara.4 Bien que la suggestion originale de lord Dufferin ait concerné un « parc international », les deux rives, américaine et canadienne, ont développé leurs parcs séparément et indépendamment.

Le gouverneur de New York, Lucius Robinson, a encouragé l’Assemblée législative de l’État de New York à ordonner aux commissaires du New York State Survey de rendre compte de la préservation du paysage des chutes Niagara. Les commissaires engagèrent James T. Gardner, directeur du State Survey (chargé en 1864 de faire des levés du parc Yosemite en tant que réserve de l’État en Californie) et Frederick Law Olmsted, pour étudier les deux rives, américaine et canadienne, de la rivière. Frederick Olmsted était le plus célèbre des architectes paysagistes américains; il avait conçu Central Park à New York et le parc Mont-Royal à Montréal, préparé un programme de gestion pour le parc Yosemite, et fermement contribué pendant une décennie à préserver les chutes. Les commissaires du New York State Survey proposèrent une petite réserve du côté américain et la restauration du paysage naturel. Ils rencontrèrent des représentants de la province de l’Ontario, qui acceptèrent le plan de MM. Gardner et Olmsted pour le côté canadien.5 Le 30 avril 1883, l’Assemblée législative de l’État de New York vota une loi créant sous le nom de «The Commissioners of the State Reservation at Niagara » un conseil chargé de sélectionner les terrains pour y implanter le parc américain. Deux ans plus tard, l’Assemblée législative vota les crédits nécessaires à l’expropriation des terrains pour le parc. Le 15 juillet 1885, la réserve d’état de 412 acres de Niagara, soutenue par l’État de New York, s’ouvrit au public avec la promesse « de rester pour toujours ouverte et libre d’accès à toute l’humanité ».6

En Ontario, le gouvernement provincial du premier ministre Oliver Mowat avait la conviction que le gouvernement du dominion devrait acquérir les terrains nécessaires au parc et, en 1880 promulgua une loi qui lui conférait l’autorité d’exproprier les domaines sous l’autorité de la province.7 Cependant, le dominion se désintéressa du projet de parc canadien qui perdit de son élan. Après avoir attendu cinq ans que le gouvernement du dominion mette en application les dispositions de la loi de 1880, le gouvernement Mowat présenta à l’Assemblée législative de l’Ontario, le 30 mars 1885, An Act for the Preservation of the Natural Scenery about Niagara Falls, qui donnait au lieutenant-gouverneur en conseil l’autorité de nommer un conseil de trois commissaires pour choisir les terrains à isoler pour « restaurer, dans une certaine mesure, le paysage autour des chutes à son état naturel, et le préserver de toute autre détérioration, tout en donnant aux voyageurs l’infrastructure et les moyens d’observer les points intéressants des environs ».8

Pour réaliser les objectifs de la loi, une commission, composée de trois hommes d’affaires respectés, appelés les commissaires du parc des chutes Niagara, fut formée et présidée par le colonel Casimir Gzowski. La commission comprenait aussi John W. Langmuir et J. Grant Macdonald. John Langmuir, qui avait récemment pris sa retraite de son poste d’inspecteur provincial des prisons et des organismes publics de bienfaisance, dirigeait la Toronto General Trusts Company. Grant Macdonald dirigeait la London and Canadian Loan and Agency Company. Les commissaires élaborèrent un rapport détaillé concluant qu’il n’était en aucune façon de l’intérêt public de voir le parc et son exploitation sous le contrôle d’une société privée (comme l’envisageait le gouvernement) et recommandant fermement que le gouvernement classe le parc propriété de la province et l’entretienne et que sa direction soit entièrement sous contrôle provincial.

Le 23 avril 1887, la Queen Victoria Niagara Falls Park Act reçut l’assentiment de l’Assemblée législative de l’Ontario, créant les commissaires du Queen Victoria Niagara Falls Park, qui devinrent ultérieurement la Commission des parcs du Niagara. Le gouvernement mit deux conditions à la création du parc. La première était que le parc ne constitue pas, en permanence, un fardeau financier pour la province, car il devait s’auto-financer aussi vite que possible. La seconde était que le parc soit, dans toute la mesure du possible, aussi libre d’accès au public que le parc correspondant du côté américain.

Pour remplir ces deux conditions, la Commission convint que le parc public devrait être totalement gratuit pour tous ses visiteurs, afin qu’ils puissent profiter de ses atouts naturels et de la vue sans aucune aide artificielle. Cependant, ils décidèrent aussi de rendre payants l’usage des équipements structurels, artificiels ou supplémentaires, ainsi que le recours aux guides.

Par le biais d’une série d’emprunts émis par les commissaires mais garantis par le gouvernement provincial, il fut possible d’exproprier les domaines situés le long du « Front » (secteur riverain primé). Les propriétés autour des chutes furent expropriées et la plupart des bâtiments furent démolis. Un parc de 62,2 ha (154 acres), nommé d’après la reine Victoria, fut ensuite créé et officiellement inauguré le 24 mai 1888 — le jour de l’anniversaire de la Reine. Les premières années furent consacrées à aménager des allées, à dessiner des jardins et à construire une route le long de la rive. À cette époque, les commissaires concentraient leurs efforts sur l’aménagement du Queen Victoria Niagara Falls Park (parc de la reine Victoria aux chutes Niagara).

Exigences financières pour les commissaires du Queen Victoria Niagara Falls Park

Dès la première année d’exploitation du parc, les commissaires furent forcés d’admettre que les paiements demandés aux visiteurs constituaient une source de revenus inadaptée à son auto-financement. Ils se tournèrent vers d’autres sources de revenu - une ligne de chemin de fer électrifiée reliant le parc à Queenston (où les navires à vapeur de Toronto pouvaient accoster) et Chippawa, le loyer d’un restaurant et une franchise de photographie autorisant la prise et la vente de photos souvenirs.9

La popularité grandissante de l’énergie électrique et l’augmentation correspondante de la demande conduirent à une nouvelle source de revenu inattendue pour les commissaires. Ces derniers négocièrent leur premier contrat en 1892, autorisant l’utilisation de la rivière Niagara pour la production et le transport d’énergie hydroélectrique (le transport d’énergie électrique sur de longues distances était encore au stade expérimental).10 Les contrats de location de propriétés de la Commission pour la construction de plusieurs usines produisant à grande échelle de l’énergie hydroélectrique et pour l’utilisation de l’eau de la rivière Niagara, dans les limites du parc, pour la production d’énergie hydroélectrique procurèrent une source de revenu régulier. Le besoin de revenus des commissaires et le désir de construire des usines d’énergie hydroélectrique à grande échelle aux chutes Niagara associèrent étroitement le parc et le début du développement hydroélectrique de l’Ontario. Tout au long de ce processus, les commissaires ne perdirent jamais de vue leur responsabilité en matière de conservation et de protection de la beauté du paysage de Niagara. La quantité d’eau prélevée pour les usines électriques était strictement contrôlée et la construction des usines était conçue de telle sorte qu’elles se fondent ou s’associent à la beauté du paysage de Niagara. On pensait que les usines productrices de courant deviendraient des attractions touristiques, car les visiteurs affluaient pour voir ces nouvelles inventions.

Lieux historiques

La stabilité de cette source de revenu permit aux commissaires de s’intéresser à des domaines en dehors du périmètre immédiat des chutes. Ils achetèrent des propriétés historiques à Queenston Heights, Niagara-on-the-Lake et Fort Erie. Au fil des années, les commissaires achetèrent d’autres terrains et construisirent des routes reliant les différents sites, et devinrent les intendants des terres longeant la rivière Niagara du lac Érié au lac Ontario. En 1927, la Commission, en raison de ses participations accrues, changea son nom de Queen Victoria Niagara Falls Park Commission en Commission des parcs du Niagara.

La conservation et la restauration des domaines historiques de la Commission commençèrent sérieusement pendant la Crise de 1929 dans le cadre des programmes de « création d’emplois », en partenariat avec le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial. Sous la direction du président T.B. McQueston, de nombreux projets furent entrepris, et notamment la reconstruction de Fort George, de Navy Hall et de Fort Erie; la restauration de la maison de William Lyon Mackenzie; la continuation de la construction du parapet en pierre le long de River Road; et la construction du théâtre du jardin Oakes. Durant les années 1990, la Commission acquit d’autres propriétés du patrimoine : le champ de bataille Chippawa et le domaine de Laura Secord.

Réalisations de la Commission des parcs du Niagara

La Commission des parcs du Niagara a joué un rôle important et précurseur dans l’effort international entrepris pour protéger la beauté du paysage des chutes Niagara de même que dans le cadre du développement de l’énergie hydroélectrique en Ontario. Après avoir débuté avec les 62,2 ha du Queen Victoria Niagara Falls Park, le domaine du parc détenu par la Commission des parcs du Niagara est devenu un réseau de parcs mondialement connu s’étendant sur 1 720 ha le long de la rivière Niagara. Le Niagara River Parkway de la Commission relie ses propriétés qui comprennent le parc de Fort Erie, le parc Mather, le parc du champ de bataille Chippawa, le parc Kings Bridge, le parc Queen Victoria, le théâtre du jardin Oakes, le Niagara Glen, les jardins botaniques et l’école d’horticulture, le parc Queenston Heights, le parc McFarland et le sentier récréatif de 56 km des parcs du Niagara. De nos jours, la Commission des parcs du Niagara est toujours en mesure de s’auto-financer, en recevant chaque année des millions de visiteurs dans ses parcs, ses jardins, ses attractions et ses restaurants.


La Fondation du patrimoine ontarien tient à remercier Paul Dilse de ses recherches dans le cadre de la rédaction du présent document.

© Fondation du patrimoine ontarien, 2005


1 Rapport 1887 , p. 3 des commissaires du Queen Victoria Niagara Falls Park, Reports of the Commissioners for the Queen Victoria Niagara Falls Park, 1885-1886 à 1900 (Toronto : Warwick Brothers & Rutter, 1886-1900 et Toronto : L.K. Cameron, 1901).

2 Rapport 1887 , p. 8 des commissaires du Queen Victoria Niagara Falls Park, Reports of the Commissioners for the Queen Victoria Niagara Falls Park, 1885-1886 à 1900 (Toronto : Warwick Brothers & Rutter, 1886-1900 et Toronto : L.K. Cameron, 1901).

3 William Leggo, The History of the Administration of the Right Honorable Frederick Temple, Earl of Dufferin, K.P., G.C.M.G., K.C.B., M.S.R., Ancien Gouverneur général du Canada (Toronto : G. Mercer Adam, 1878), p. 823-82.

4 Ibid.

5 James T. Gardner, Special Report, New York State Survey on the Preservation of the Scenery of Niagara Falls ... (Albany, N.Y . : Charles Van Benthuysen & Sons, 1880), p. 7, 12, 16 et 27; Charles E. Beveridge et Paul Rocheleau, Frederick Law Olmsted: Designing the American Landscape (New York : Rizzoli, 1995), p. 200-213; Albert Fein, Frederick Law Olmsted and the American Environmental Tradition (New York : George Braziller, 1972), p. 42-47; Mark Swadling et Tim Baker, Masterworks of Man & Nature : Preserving Our World Heritage (Patonga, Austalia : Harper-MacRae, 1992), p. 375; François Rémillard et Brian Merrett, Montreal Architecture : A Guide To Styles and Buildings (Montreal : Meridian Press, 1990), p. 17.

6 « An Act to authorize the selection, location and appropriation of certain lands in the village of Niagara Falls for a state reservation and to preserve the scenery of the falls of Niagara », chapitre 336, 30 avril 1883, Laws of New York, p. 503-506; « An Act to provide for the payment of the awards made for the lands selected and located by the commissioners of the state reservation at Niagara », chapitre 182, 30 avril 1885, Laws of New York, p. 337-338; Charles M. Dow, The State Reservation at Niagara: A History (Albany, N.Y.: J.B. Lyon, 1914), p. 27 & 33.

7 « An Act respecting Niagara Falls and the adjacent territory », chapitre 13, 5 mars 1880, Lois de la province de l’Ontario, p. 56-58.

8 « An Act for the Preservation of the Natural Scenery about Niagara Falls », chapitre 21, 30 mars 1885) Lois de la Province de l’Ontario, p. 70-75.

9 Rapport de 1888, p. 11-14.

10 Rapport de 1889, p. 5-6; Rapport de 1890, p. 4-6; Rapport de 1892, p.4. La lecture du récit de la visite de M.Gzowski aux usines expérimentales de Deptford, en Angleterre, est fascinante.