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Centre Toronto-Dominion

Le mardi 7 juin 2005, la Fondation du patrimoine ontarien a dévoilé une plaque provinciale dans la Ville de Toronto célébrant le Centre Toronto-Dominion.

Voici le texte de la plaque :

CENTRE TORONTO-DOMINION

    Conçu par l'architecte moderniste Ludwig Mies van der Rohe, en collaboration avec John B. Parkin Associates et Bregman and Hamann Architects, le centre Toronto-Dominion est situé au cœur du district financier de Toronto. Le centre a été commandé par Allen Lambert, président de la Banque TD, en partenariat avec la Fairview Corporation. Le complexe est aménagé autour d'une place publique piétonnière en granit. Il était composé à l'origine de trois bâtiments : la tour de 56 étages de la Banque Toronto-Dominion (1967), le pavillon bancaire d'un étage (1968), et la tour Royal Trust de 46 étages (1969). Un centre commercial souterrain est situé sous la plinthe en granit. Les bâtiments sont des structures en acier recouvertes de verre de couleur bronze et d'acier peint en noir, avec des meneaux aux poutres en acier, en forme de I, attachés à l'extérieur. Parfait exemple du style international au Canada, le centre Toronto-Dominion a changé le paysage urbain de Toronto et a influencé de nombreux bâtiments dans tout le pays.

Historique

Architecture moderniste et style international

Conçu par le célèbre architecte moderniste Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969), le Centre Toronto-Dominion (Centre TD) est un parfait exemple de l’architecture moderne au Canada, connue sous le nom de style international.

Au cours du deuxième quart du 20e siècle, un mouvement architectural important vit le jour en Europe. Le mouvement « moderne » rompait de façon radicale avec les styles architecturaux du passé.

Le terme style international, souvent utilisé comme synonyme de l’architecture moderniste, tire son nom du fait de son applicabilité aux diverses conditions culturelles et climatiques. Il introduisit une approche de conception universelle et une esthétique pouvant s’appliquer dans le monde entier. Le terme apparaît pour la première fois lors de l’exposition du Musée d‘art moderne de 1932 à New York, intitulée « The International Style: Architecture since 1922 » (Le style international : L’architecture depuis 1922). Le mouvement Bauhaus en Allemagne donna au mouvement sa cohérence dans les années 1920, sous l’égide de Walter Gropius et Mies van der Rohe. Le style international préconisait l’utilisation de matériaux modernes et d’éléments modulaires types pour faciliter la fabrication et la construction, et insistait sur le volume au lieu de la masse,1 bannissant toute décoration de surface. Voici ce qu’a écrit l’historien en architecture, Detlef Mertins, dans son article intitulé « Living in a Jungle » (Vivre dans une jungle) :

    Mies a compris que le potentiel de liberté nouvelle dépendait d’une nouvelle « forme » structurante qui serait à la fois technologique, sociale, économique et visuelle. La clarification de la structure sous-jacente était essentielle, non seulement pour sa propre expression, mais également pour en arriver à un cadre opérationnel au sein duquel de nouveaux modes de vie pourraient apparaître avec un minimum de préconception et d’interférence et, à leur tour, introduire l’étape suivante de l’histoire. Comme on comprenait que toutes les sphères d’activité humaine étaient structurées de façon homologue dans une période donnée, la tâche de l’architecte consistait à maîtriser les « forces débridées » et exigeait un nouvel ensemble de connaissances et de préparation. [Traduction libre]2 3

L’école du Bauhaus disparut après la montée du nazisme en Allemagne. Par la suite, Walter Gropius, Mies van der Rohe et plusieurs autres chefs de file du mouvement Bauhaus immigrèrent aux États-Unis.

Architecte moderniste : Mies van der Rohe

Ludwig Mies van der Rohe naquit à Aachen, en Allemagne, en 1886. Il reçut sa formation principale comme employé de l’architecte et du concepteur de mobilier Bruno Paul (1874-1968). Entre 1905 et 1907, il fut au service de l’architecte industriel chef de file, Peter Behrens. Il dirigea le Bauhaus de 1930 jusqu’à la fermeture de l’école en 1933. Mies van der Rohe arriva aux États-Unis en 1937 et devint, en 1938, le directeur de l’architecture au Illinois Institute of Technology, poste qu’il occupa pendant 20 ans.

Il conçut une approche en matière de conception qui reposait sur des techniques structurelles de pointe et le classicisme prussien, tels que pratiqués par l’architecte Karl Friedrich Schinkel, qui alliait l’essence de l’architecture ancienne, moyenâgeuse et de la renaissance. Mies van der Rohe a aussi été inspiré par la philosophie esthétique du constructivisme russe4 et le groupe hollandais De Stijl.5

Après la Première Guerre mondiale, il commença à étudier le gratte-ciel comme une forme de bâtiment et conçut deux tours novatrices à la charpente en acier, recouvertes de verre. L’une d’entre elles était la tour Friedrichstrasse, conçue en 1921 dans le cadre d’un concours. Bien que cet immeuble n’ait jamais été construit, il attira des éloges et annonçait les tours des années 1940, 1950 et 1960.

    Les gratte-ciel révèlent leur structure interne audacieuse durant leur construction. Ce n’est qu’à ce moment que la gigantesque toile d’acier paraît impressionnante. Lorsqu’on élève les murs extérieurs, le système structurel, sur lequel repose toute la conception artistique du bâtiment, est masqué par un ensemble chaotique de formes en apparence insignifiantes et dénudées de sens … Au lieu d’essayer de relever de vieux défis au moyen de ces vieilles formes, nous devrions concevoir les nouvelles formes qu’exige la nature même des nouveaux défis. Nous pouvons entrevoir les nouveaux principes structurels le mieux lorsque nous remplaçons les murs extérieurs par du verre, ce qui est possible aujourd’hui puisque dans l’ossature du bâtiment, les murs extérieurs ne sont plus des murs porteurs. L’utilisation du verre impose de nouvelles solutions. [Traduction libre]6

Reflétant ces idées, bon nombre des bâtiments conçus par Mies van der Rohe présentent des formes rectilignes et des façades asymétriques. Parmi ses gratte-ciel bien connus, mentionnons deux immeubles à appartements de 26 étages situés le long du Lakeshore Drive, à Chicago, qui ont été conçus et construits entre 1949 et 1951. Ces immeubles sont situés à angle droit l’un de l’autre et présentent des formes épurées simplifiées et des pièces d’acier apparentes de couleur foncée qui sont soigneusement réparties sur la façade. La construction de son fameux immeuble new-yorkais de 39 étages, le Seagram Building (Immeuble Seagram), qui a appartenu à l’origine à la famille montréalaise Bronfman, actionnaire principal de la Fairview Corporation (appelée désormais Cadillac Fairview Corporation Limitée), fut terminée en 1958. Cette tour à bureaux est recouverte d’un mur-rideau de meneaux-poutres en I et de tympans en verre foncé. Il est situé à 27 mètres du tracé de Park Avenue, formant une place au niveau de la rue. Le Seagram Building de Mies van der Rohe révolutionna l’architecture commerciale en Amérique du Nord.

Le modernisme au Canada

Le modernisme apparut au Canada dans les années 1930. Il ne s’implanta cependant pas avant les années 1950 lorsque, sous l’influence de l’essor économique qui suivit la fin de la guerre, le mouvement changea l’apparence et la fonction des villes canadiennes sur une période qui s’étendit sur plus de trois décennies. C’est Toronto qui contribua le plus à imposer le style international dans le Centre et l’Est du Canada à partir du début des années 1950. Au cours des années 1950 et 1960, deux grands cabinets d’architectes torontois avaient adopté ce style, soit Page et Steele (Peter Dickinson, architecte styliste principal) et John B. Parkin Associates (John C. Parkin, architecte styliste principal). M. Dickinson fut l’un des principaux champions de l’architecture moderniste au Canada. On lui doit à Toronto les immeubles suivants : l’immeuble à appartements sis au 561 avenue Road (1956), l’immeuble à bureaux du 111, rue Richmond Ouest (1956), et la synagogue Beth Tzedek, située rue Bathurst. Pour sa part, M. Parkin a conçu les immeubles influents suivants au cours de cette période formative : le siège social de Ontario Association of Architects (1954), l’usine et les bureaux d’Ortho Pharmaceutical (1956), l’aérogare 1 Lester B. Pearson (1965) et, en collaboration avec Mies van der Rohe, le Centre Toronto-Dominion.

Le Centre Toronto-Dominion

La Toronto-Dominion Bank, créée en 1955, résulte de la fusion de la Bank of Toronto et de la Dominion Bank. La Bank of Toronto ouvrit ses portes en juillet 1858 au 78, rue Church. Ce fut une banque prospère et bien gérée tout au cours du 19e siècle. Sa clientèle était surtout constituée d’agriculteurs, de marchands et d’entreprises de conditionnement des produits agricoles. La Dominion Bank fut créée en 1871 par plusieurs entrepreneurs et professionnels. Le mûrissement de l’économie canadienne ainsi que l’ouverture à la colonisation de l’Ouest canadien et du Nord de l’Ontario incitèrent les deux banques à prêter abondamment aux industries fondées sur l’exploitation des ressources, aux services publics et aux entreprises manufacturières. Comme elles devenaient d’importantes institutions nationales, les deux banques décidèrent de changer leur siège social. La Bank of Toronto opta pour l’angle des rues King et Bay, et la Dominion Bank, pour l’angle des rues King et Yonge. À l’issue de la période de prospérité qui suivit la Seconde Guerre mondiale, les deux banques commencèrent à consentir davantage de prêts commerciaux, mais elles se rendirent compte qu’il leur était difficile d’atteindre leurs objectifs à cet égard en raison des coûts élevés liés à l’expansion de leurs opérations et aux mesures nécessaires pour soutenir la concurrence d’importantes banques rivales. En 1954, les deux banques entamèrent des négociations en vue d’une fusion. Après avoir obtenu l’approbation du gouvernement, la Bank of Toronto fusionna avec la Dominion Bank. C’est ainsi que la Banque Toronto-Dominion vit le jour le 1er février 1955. En 1962, la nouvelle banque avait solidifié ses assises nationales et était devenue une importante institution bancaire. Pour faire la preuve de sa proéminence, elle décida de faire construire un complexe qui lui servirait de nouveau siège social.

    La banque suivait en cela la pratique courante parmi les banques. Le bureau que la Bank of Toronto avait ouvert en 1862 à l’angle des rues Wellington et Church (conçu par William Kauffman, démoli) avait témoigné de sa prospérité initiale et le temple construit entre 1911 et 1913 par les architectes Carrere & Hastings, à l’ange sud-ouest des rues King et Bay, avait affirmé son statut de chef de file des banques de l’époque édouardienne. Au début des années 1960, Mies était (comme l’avait été Carrere & Hastings cinquante ans plus tôt) l’un des architectes les plus célèbres et les plus respectés au monde. La banque et la Fairview Corporation lui donnèrent presque entière liberté pour concevoir le Centre Toronto-Dominion.7

Allen Lambert, président de la Banque Toronto-Dominion jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite en 1978, commanda la création du centre TD à Toronto après avoir persuadé le conseil d’administration de la TD de doter la banque d’un nouveau siège social en partenariat avec la Fairview Corporation. Pour construire le complexe, la TD et la Fairview Corporation constituèrent un partenariat à parts égales, mais c’est la Banque qui décida de la conception du complexe.

La Fairview Corporation collabora avec la banque pour créer son nouveau siège social qui remplaça l’immeuble de la Bank of Toronto, bâtiment de style Beaux-Arts construit à l’angle sud-ouest des rue King et Bay, au centre-ville de Toronto. Cet immeuble fut conçu et construit en 1913 par Carrere & Hastings, cabinet d’architectes ayant conçu la Bibliothèque publique de New York. Pour construire le Centre TD, la banque dut acquérir la majeure partie des terrains bordés par les rues York, King, Bay et Wellington. Aucun projet n’avait jusque-là exigé l’acquisition d’autant d’espace à Toronto. Outre la Bank of Toronto, ce pâté d’immeubles comportait un autre immeuble d’importance, les bureaux de la Bourse de Toronto, situés rue Bay.

Pour mener à bien un projet d’une telle envergure, la TD Bank et la Fairview Corporation décidèrent de faire appel à un concepteur d’immeubles à bureaux de renom international. À cet égard, Phyllis Lambert8 joua un rôle de premier plan dans le choix éventuel de l’architecte styliste Mies. Au départ, deux architectes étaient en lice, soit Gordon Bunshaft, concepteur en chef chez Skidmore Owings & Merrill, et Mies van der Rohe. Si l’architecte Bunshaft fut d’abord choisi, on estima que son avant-projet d’étude était très inhabituel et l’on craignit que l’immeuble résiste mal aux rigueurs du climat de Toronto. Comme le relate Daniel Stoffman dans son livre intitulé The Cadillac Fairview Story, Mme Lambert écrivit par la suite que M. Bunshaft proposait de placer des joints coulissants de type piston en acier inoxydable au haut de l’immeuble pour régler le problème de l’expansion et de la contraction des colonnes structurelles extérieures. Il s’agissait d’un élément important de son projet que Mme Lambert considérait comme une solution audacieuse n’ayant jamais été mise à l’essai. Dans une entrevue qu’elle donna par la suite, Mme Lambert déclara que le projet de M. Bunshaft « était absurde à bien des égards ». Elle ajouta que « même dans un climat moins rigoureux, le projet aurait posé des difficultés ». On congédia l’architecte parce qu’il refusa de revoir son projet. On demanda ensuite au cabinet Parkin de proposer un plan pour l’immeuble qui comporterait un pavillon bancaire en dessous du niveau du sol. Entre-temps, Phyllis Lambert insista pour qu’on donne une entrevue à Mies. À l’issue de cette entrevue, la banque retint les services de l’architecte comme architecte styliste principal pour le Centre et conseiller auprès de John B. Parkin Associates et Bregman & Hamann, deux cabinets d’architectes de Toronto.9

Le Centre TD (1963-1969) fut le dernier projet d’envergure de Mies van der Rohe. Comme l’a dit l’architecte américain Philip Johnson : « Le Centre TD est la plus grande œuvre de Mies dans le monde ».10

Les trois premiers immeubles

La phase initiale du projet conçu par Mies van der Rohe comportait la construction de trois immeubles : la Tour de la TD Bank, haute de 56 étages, située au 66, rue Wellington Ouest, a été achevée en 1967, le Pavillon bancaire d’un étage au 55, rue King Ouest, en 1968, et la Tour de 46 étages de la Compagnie Royal Trust, située au 77, rue King Ouest, en 1969. Les immeubles sont asymétriquement disposés sur une plinthe ou place et recouverts de granit gris de St-Jean. Le plan original du Centre comportait 288 000 m2 de bureaux et de locaux bancaires, 14 300 m2 d’espace commercial dans un centre commercial construit au-dessous du niveau de la rue et un stationnement souterrain d’une capacité de 700 véhicules.

Dans son livre Mies in America, Phyllis Lambert a écrit ceci :

    Avec le Centre Toronto-Dominion, Mies a réalisé une architecture du mouvement; or, en créant des relations proportionnelles entre les parties du projet et le tout ainsi qu’en utilisant des matériaux nobles, il a aussi inventé une architecture du repos. La lumière qui glisse d’un pan de l’immeuble à l’autre, jouant des meneaux comme s’il s’agissait d’instruments à vent, et l’orchestration des divers immeubles, créent ensemble un véritable effet symphonique.11

La Tour de la TD Bank fut le premier immeuble du Centre Toronto-Dominion à être construit; il constitue l’emblème du complexe. La Tour de la TD Bank compte 56 étages et s’élève à une hauteur de 222,86 m (731 pieds-0 pouce). Son ossature est en acier profilé; son cœur est également fait d’acier profilé et ses planchers, de béton. Les façades de la Tour se caractérisent par leur ouverture visuelle. Des poutres d’acier apparentes de couleur noir mat créent un cadre ou quadrillage rempli de rideaux de verre de couleur bronze. On voit, fixés à l’extérieur des meneaux et des colonnes de soutien, des poutres en I qui remplissent tant des fonctions structurelles qu’esthétiques. Le module de fenêtre type mesure 1,5 m sur 2,7 m (5 pieds-0 pouce x 9 pieds-0 pouce). L’immeuble est surélevé sur des colonnes, ce qui crée une base spacieuse au niveau du sol qui s’articule autour de feuilles de verre laminé, des portes-tambours qui ouvrent sur un hall d’entrée des ascenseurs dont les murs sont recouverts de travertin. Au-dessus de la base, un rideau d’acier et de verre monte sans interruption jusqu’au toit plat.

    Un ordre mathématique caractérise l’ensemble de la composition du Centre TD, non seulement dans les proportions du quadrillage extérieur, mais aussi dans la planification de tous les éléments, grands comme petits. La hauteur de chaque tour est proportionnée à sa largeur et à sa profondeur. La place de granit (à laquelle on reproche souvent son vide propice au vent) est recouverte de dalles de cinq pieds carrés (1,5 m). Le Pavillon bancaire, qui est considéré comme un seul espace intérieur, comporte 15 modules carrés (soit 75 pieds ou 22,9 m); l’effet de quadrillage est repris dans le plancher de granit ainsi que dans les déflecteurs lumineux du plafond. L’utilisation du chêne anglais et du marbre vert crée un effet de richesse sobre qui allège la noirceur des murs de l’ensemble. L’ameublement et les accessoires dans le Pavillon bancaire et les espaces publics des tours ont été conçus par des architectes.12

Lorsqu’ils ont ouvert leurs portes, les trois premiers immeubles du Centre TD dominaient l’horizon, changeant pour toujours la physionomie de Toronto. Ce bâtiment qui est maintenant indissociable de Toronto a créé chez ses habitants un véritable goût pour l’architecture moderne dans la période de réalisation de grands projets de construction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, on voit l’influence du Centre TD sur d’autres gratte-ciel du centre-ville de Toronto et sur l’architecture moderne d’immeubles comme le Commerce Court (on doit l’immeuble de 57 étages achevé en 1972 à l’architecte I.M. Pei qui a travaillé en collaboration avec le cabinet d’architectes Page et Steele).

Les phases ultérieures

La Tour de la Commercial Union (maintenant connue sous le nom de Tour du Canadien Pacifique), située au 100, rue Wellington Ouest, a été ajoutée au Centre TD en 1974. Cette tour ne figurait pas dans le plan original de Mies van der Rohe. La quatrième et dernière tour de ce pâté d’immeubles est la Tour Ernst & Yonge de 31 étages, sise au 222, rue Bay qui a été construite en 1992 et qui renferme l’ancien immeuble de la Bourse de Toronto. En outre, deux tours situées en face, du côté sud de la rue Wellington Ouest, sont considérées comme faisant partie du complexe du Centre TD : la Tour TD Waterhouse de 39 étages (l’ancienne Tour IBM), située au 79, rue Wellington Ouest, construite en 1985; et la tour de 22 étages située au 29, rue Wellington Ouest.

En 2003, la Ville de Toronto a désigné la phase initiale du Centre Toronto-Dominion comportant trois immeubles aux termes de la Partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario comme un « exemple exceptionnel de l’architecture de style international » et comme un « jalon du mouvement moderne au Canada qui est devenu une norme de référence pour l’aménagement urbain de Toronto ».13

Conclusion

Conçu par l’influent architecte moderniste Mies van der Rohe, en collaboration avec les cabinets d’architectes canadiens John B. Parkin et Bregman et Hamann, le Centre Toronto-Dominion est un excellent exemple de l’architecture moderniste et du style international au Canada. Le complexe de trois immeubles, construit entre 1967 et 1969, qui est devenu indissociable de Toronto, a favorisé l’acceptation du modernisme par la Ville et a contribué à créer une période de grande activité dans le domaine de la construction après la Seconde Guerre mondiale. L’influence du Centre TD se constate dans de nombreux immeubles construits à Toronto et dans l’ensemble du pays.


La Fondation du patrimoine ontarien remercie sincèrement Moiz Behar, OAA, MRAIC, MCIP, RPP, pour les recherches qui ont servi de fondement à cette publication. M. Behar est architecte et planificateur; il mène des recherches sur le mouvement moderne et sur bon nombre des immeubles et des collectivités qui en sont des exemples.

© Fondation du patrimoine ontarien, 2005


1 Le volume, d’un point de vue architectural, renvoie à l’espace au sein d’une forme. Par conséquent, le volume renvoie à l’espace au sein d’un bâtiment. La masse représente l’effet et le degré de volume, de densité et de poids de la matière dans l’espace; la superficie tridimensionnelle occupée par une forme comme un immeuble.

2 Pawley, Martin. Mies van der Rohe. (New York : Simon and Schuster, 1970) p.12.

3 Phyllis Lambert, Éd. Mies in America. (Centre canadien d’architecture, Montréal et Whitney Museum of American Art, New York : Harry N. Abrams, Inc. Éditeurs, 2001) p. 606.

4 Le constructivisme russe est nommé d’après le mouvement d’art moderne qui apparut en 1913, en Russie. Il a été fondé par Vladimir Tatlin, artiste et architecte. L’art constructiviste a commencé par des œuvres de construction principalement abstraites et cherchait à « libérer l’art du monde représentationnel ». Les constructivistes recherchaient un art de l’ordre, rejetaient le passé et cherchaient un monde où régneraient l’harmonie, la paix et l’unité. L’art constructiviste s’exprimait en ayant recours à l’abstraction totale et les peintures étaient composées de formes géométriques peintes sur des toiles pures.

5 De Stijl (style en hollandais) est le mouvement artistique non figuratif, appelé aussi néo-plasticisme, qui vit le jour en 1917 et dura pendant 14 ans. Les chefs de file du mouvement furent les peintres Theo van Doesburg et Piet Mondrian, et l’architecte Gerritt Rietveld. La philosophie de De Stijl reposait sur le fonctionnalisme et insistait sur un respect strict des formes rectilignes. Les adeptes de ce mouvement prônait une purification de l'art et étaient déterminés à créer un style universel en peinture, architecture et conception. Toute la décoration de surface, à l’exception de la couleur, devait être éliminée, et il fallait utiliser des rectangles et des carrés de forme plate aux couleurs primaires vives et en noir, gris et blanc, le tout organisé en lignes droites.

6 Pawley, Martin. Mies van der Rohe. (New York : Simon and Schuster, 1970) p. 12.

7 Dendy, William et William Kilbourn. Toronto Observed. Its Architecture, Patrons and History. (Toronto: Oxford University Press, 1986) p. 277.

8 Cemp Investments, par l’entremise de sa filiale, la Fairview Corporation, construisit le Centre TD. Cemp est un sigle constitué à partir de la première lettre du nom des quatre enfants de son fondateur, Samuel Bronfman : Charles, Edgar, Minda et Phyllis. On peut attribuer à Phyllis Lambert la plus grande partie de la contribution de la famille Bronfman à l’architecture de l’Amérique du Nord. Elle est architecte et administratrice fondatrice et présidente du conseil d’administration du Centre canadien d’architecture, à Montréal.

9 Stoffman, Daniel. The Cadillac Fairview Story. (Toronto : Cadillac Fairview Corporation, 2004) p. 35.

10 Stoffman, Daniel. The Cadillac Fairview Story. p. 34.

11 Phyllis Lambert, Éd. Mies in America. p. 419.

12 Kalman, Harold. A History of Canadian Architecture, Vol. 2. (Toronto : Oxford University Press, 1994) p. 802.

13 Rapport à l’intention des employés de la Ville de Toronto « 55, rue King Ouest (Centre Toronto Dominion). Désignation en vertu de la Partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario, Toronto Centre-Rosedale — Quartier 28 ». 18 décembre 2002. p. 1-2.