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Lancement de la Semaine du patrimoine 2014

Commémoration de la Première Guerre mondiale : L'Ontario en transition

Thomas H.B. Symons, C.C., O.Ont, FRSC, LL.D., D.Litt., D.U., D.Cn.L., FRGS, KSS – Président, Fiducie du patrimoine ontarien

En qualité de président de la Fiducie du patrimoine ontarien et au nom de son conseil d’administration, j’ai l’immense plaisir de vous souhaiter la bienvenue à l’occasion du lancement de la Semaine du patrimoine ontarien 2014.

Chaque année, la Semaine du patrimoine ontarien donne l’occasion à l’ensemble des collectivités de la province de s’interroger sur l’importance de leur patrimoine et de rendre hommage aux personnes, ainsi qu’aux organismes, qui mettent leur temps et leur énergie au service de la conservation et de la commémoration de ces richesses.

L’année 2014 marque le centenaire du début de la Première Guerre mondiale. Nous saisissons donc cette occasion unique pour lancer, lors de la Semaine du patrimoine ontarien, une année de célébrations sur le thème « Commémoration de la Première Guerre mondiale : L’Ontario en transition ».

La symbolique veut également que cet événement ait lieu ici, à la Base des Forces canadiennes Borden. En effet, ce site a joué un rôle capital dans la participation du Canada à la Première Guerre mondiale et demeure à ce jour un bastion de la défense nationale et de notre puissance militaire. Camp Borden revêt également une grande importance à l’échelle de la collectivité locale et aux yeux d’un grand nombre de familles et de personnes, moi y compris, qui entretiennent des liens personnels très forts avec ce site à l’histoire riche et passionnante.

Il me semble également dans l’ordre des choses de rendre hommage aujourd’hui à l’homme d’État en l’honneur duquel Camp Borden a été baptisé. Sir Frederick William Borden était un brillant médecin, agriculteur, homme d’affaires et fonctionnaire émérite. Géant oublié de l’histoire du Canada, ce Néo-Écossais a siégé pendant 32 ans à la Chambre des communes et a fait partie du cabinet de Sir Wilfrid Laurier pendant 15 ans – un record – en qualité de ministre de la Milice et de la Défense. Il aura eu la chance d’assister à l’inauguration de Camp Borden après avoir présidé à son projet de creation.

Construit en 1916, Camp Borden devient l’une des principales bases d’entraînement des bataillons du Corps expéditionnaire canadien. L’année suivante, le site prend de l’ampleur et accueille l’aviation militaire. Il deviendra le premier poste d’envol du Royal Flying Corps du Canada.

À l’époque de la Grande Guerre, le Canada ne dispose pas encore de forces aériennes, c’est pourquoi bon nombre de jeunes du pays rejoignent le Corps royal d’aviation britannique, précurseur de la Royal Air Force. De fait, environ un quart des pilotes engagés dans le Corps royal d’aviation au cours de la Première Guerre mondiale sont canadiens. Mon père, Harry Symons, en faisait partie. À bord de son Sopwith Camel ou de son Sopwith Pup rudimentaire, il survole alors les tranchées où se livrent des batailles effroyables et souvent imprévisibles. Contre vents et marées, il s’oppose au Baron Rouge. Abattu à l’aube au-dessus des lignes françaises lors d’une patrouille, il survit par chance et se voit rapatrié dans un hôpital pour convalescents canadiens de Wimbledon. C’est là qu’il rencontre une jeune infirmière, Canadienne elle aussi, officiant dans la demeure de sa famille transformée en hôpital pendant la guerre : il finira par l’épouser. Un vestige de l’avion de mon père existe toujours : il est exposé ici, au musée de Camp Borden. Son filleul, le lieutenant-colonel d’aviation Peter O’Brian, en a fait don à cette institution. Mon père avait d’ailleurs baptisé son avion « Godson » (filleul en anglais) en son honneur. C’était bel et bien une guerre à part et une autre époque!

Borden prend rapidement de l’envergure pour devenir l’un des meilleurs centres d’aviation du monde. L’entraînement et les travaux d’innovation menés en son sein – avec la participation de milliers de Canadiens – auront une profonde influence à long terme sur l’aviation militaire et civile au Canada.

Pendant et juste après la Première Guerre mondiale, le Canada prend toute sa dimension à divers égards : il fait valoir son autonomie, forge et exprime son identité propre, et crée les institutions et les infrastructures qui permettront à cette jeune nation d’aller de l’avant. Camp Borden jouera un rôle important dans ce processus.

Cette période s’avère riche en accomplissements colossaux, comme en témoignent les divers entraînements et activités qui se sont succédé sur ce site, mais n’oublions pas qu’elle a aussi apporté son lot d’épreuves, de privations et de sacrifices. Les Ontariennes et les Ontariens ont été en proie à la souffrance et ont perdu des êtres chers dans des proportions jamais atteintes jusqu’alors.

La Première Guerre mondiale a eu un immense impact et ses répercussions se font sentir encore aujourd’hui : elle a pour ainsi dire façonné le XXe siècle.

En tant que citoyennes et citoyens d’une nation encore jeune, si largement forgée par cette guerre et ses conséquences, nous nous devons de faire un travail de mémoire et de tirer les leçons du passé. L’occasion nous en est donnée aujourd’hui.

Tout au long de cette semaine et de cette année, nous nous efforcerons d’étudier comment les personnes, les collectivités et la province en général ont vécu la guerre. Nous pouvons apprendre beaucoup en nous penchant sur les changements intervenus à cette époque et en nous demandant comment ils ont rejailli sur l’identité et sur le développement de la province. Cette guerre a laissé un héritage durable qu’il convient d’explorer intégralement en réfléchissant à sa pertinence toujours d’actualité et à la façon dont il touche nos vies encore aujourd’hui.

Je tiens à adresser mes remerciements aux officiers, aux membres et au personnel civil de la Base des Forces canadiennes Borden qui nous ont accueillis cet après-midi. C’est un honneur et un privilège d’être parmi vous aujourd’hui.

Je vous remercie.