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Alors que le musée est maintenant fermé pour la saison, nous sommes toujours ouverts pour les groupes de 15 personnes ou plus sur rendez-vous.

« Le bruit s'est répandu à l'étranger qu’'oncle Tom' arrive, et c'est ce qui explique votre présence ici. Permettez-moi de vous dire que je ne m'appelle pas et ne me suis jamais appelé Tom, et que je ne veux pas qu'on mentionne dans les journaux un autre nom que le mien. Je m'appelle Josiah Henson, c’est mon nom passé, présent et futur. » Josiah Henson, Glasgow, Écosse, 1877 Extrait de Uncle Tom’s Story of His Life (l'histoire de la vie de l'oncle Tom)

Le Site historique de la Case de l’oncle Tom a changé de nom.

Ces dernières années, la Fiducie a procédé à un examen ciblé de ses propriétés et de sa programmation. De nouvelles recherches et l'ouverture à divers points de vue contribuent à élargir notre compréhension du patrimoine ontarien, y compris l'évolution de la terminologie.

La Fiducie est consciente du pouvoir des mots dans la transmission des émotions, des valeurs et des souvenirs. Le terme « oncle Tom » est évocateur de plusieurs stéréotypes destructeurs et de connotations néfastes qui atténuent et diminuent les contributions importantes de Josiah Henson au patrimoine afro-canadien et à la communauté noire dans son ensemble.

Le terme « oncle Tom » est utilisé dans les médias sociaux, à la télévision, au cinéma et dans la littérature comme une insulte et pour rabaisser toute personne d'origine noire. Il insinue qu'une personne d'ascendance africaine est un traître à sa race et, à ce titre, l'expression est perçue comme étant péjorative et néfaste et ce, en dépit des bonnes intentions de Harriet Beecher Stowe lorsqu’elle a créé son personnage littéraire. Continuer à utiliser ce terme en association avec Josiah Henson nuit à son legs. Josiah Henson, qui était un visionnaire, a déployé des efforts inlassables pour améliorer la vie de la communauté noire en Ontario. En se souvenant de lui comme de l'oncle Tom, on diminue, d'une certaine manière, son importance et ses réalisations.

Depuis ses origines en tant que petite attraction touristique ontarienne dans les années 1940 jusqu'à sa transformation en un centre de reconnaissance et de réalisations de la communauté noire, la propriété et la programmation du musée n'ont cessé d'évoluer. Joignez-vous à nous pour cheminer vers la liberté!

Ici, vous pouvez mieux comprendre l'évolution du musée et son association étroite avec le terme « oncle Tom ».

L’oncle Tom de Harriet Beecher Stowe

L'oncle Tom est le protagoniste du roman anti-esclavagiste de Harriet Beecher Stowe, La Case de l'oncle Tom, publié en 1852. Son portrait de Tom est celui d'un personnage stoïque et noble qui humanise pour ses lecteurs les souffrances et les difficultés des personnes d'origine africaine réduites en esclavage. Dans le roman de Harriet Beecher Stowe, le personnage de Tom est présenté comme une figure vertueuse, guidée par sa foi religieuse en la non-violence. Tom fait preuve de compassion et d'empathie malgré le traitement cruel de ses esclavagistes. Il est dépeint comme un chef et un protecteur des autres esclaves, les soignant lorsqu'ils sont blessés ou malades et offrant des conseils spirituels à ceux dont la détermination faiblit sous le joug de l'esclavage.

Les épreuves que Tom endure tout au long du roman témoignent de la vision originale de Harriet Beecher Stowe, qui souhaitait créer un personnage noir sympathique, capable d'attirer l'attention sur les mauvais traitements et la déshumanisation des personnes d'origine africaine réduites en esclavage. Bien que son intention ait été de dépeindre Tom comme un symbole de force, de bonté et de leadership, la connotation négative associée à l'oncle Tom a rapidement modifié la façon dont il a été perçu.

La transformation en oncle Tom

L'autobiographie de Josiah Henson, « The Life of Josiah Henson, formerly a Slave, Now an Inhabitant of Canada, as Narrated by Himself » a été publiée en 1849. Lorsque les propriétaires de plantations du Sud des États-Unis ont accusé Harriet Beecher Stowe de déformer l'esclavage dans son roman, elle a publié, en 1853 « Key to Uncle Tom's Cabin, Presenting the Original Facts and Documents upon Which the Story Is Founded, Together with Corroborative Statements Verifying the Truth ». C'est là qu’elle cite abondamment l'autobiographie de Josiah Henson pour défendre son roman.

L'autobiographie de Josiah Henson a été développée et republiée en 1858 sous le titre « Truth Stranger Than Fiction : Father Henson's Story of His Own Life ». Cette édition contenait un avant-propos de Harriet Beecher Stowe, qui renforçait l'idée que le public considérait Josiah Henson comme le modèle du personnage de l'oncle Tom dans son roman La Case de l'oncle Tom.

Josiah Henson a acquis une notoriété internationale après que Harriet Beecher Stowe a reconnu ses mémoires comme étant une des sources de son roman.

Le développement du concept d’« oncle Tom »

Les spectacles de ménestrels se sont développés aux États-Unis au 19e siècle comme une forme de divertissement scénique. Ils étaient également populaires au Canada et en Europe. Ils mettaient en scène des stéréotypes raciaux négatifs, les artistes blancs se maquillant en Noirs (en assombrissant leur peau avec du liège brûlé ou du cirage) et interprétant des chansons, des danses et des numéros comiques racistes. En savoir plus sur l'histoire des visages noircis et des spectacles de ménestrels au Canada.

Après la publication du roman de Harriet Beecher Stowe, qui a connu un succès international, les spectacles de ménestrels ayant pour thème La Case de l'oncle Tom se sont multipliés dans toute l'Amérique du Nord et l'Europe face à la colère et à l'embarras suscités par la description de l'esclavage dans les plantations faite par Harriet Beecher Stowe.

Ces spectacles « anti-Tom » ont vu le personnage central de Tom passer du statut de saint à celui d'un « béni-oui-oui » servile, docile et se méprisant, connu pour chanter, danser et sourire en dépit de sa situation désespérée. Ces spectacles visaient à masquer la violence et l'inhumanité propres à l'esclavage. Les « Tom shows » (spectacles sur Tom) se sont produits pendant plus de 80 ans avant de disparaître définitivement dans les années 1930. Cependant, leur legs néfaste perdure.

Aujourd'hui, le terme est utilisé comme une insulte. Il fait référence à une personne d'ascendance africaine qui est considérée comme un traître à sa race parce qu’elle recherche l'approbation et l'attention des Blancs.

La préservation de l'héritage de Josiah Henson

La maison dans laquelle Josiah Henson a passé les derniers jours de sa vie a été ouverte au public comme attraction touristique en 1948 par le propriétaire de l'époque, William Chapple, qui l'a baptisée « La Case de l'oncle Tom ». La maison a ensuite été vendue à Jack Thomson, qui a déplacé la structure et deux autres bâtiments d'époque à leur emplacement actuel en 1964, dans le but de créer un musée. M. Thomson a baptisé le musée « Uncle Tom’s Cabin and Museum » (musée de La Case de l'oncle Tom), d'après le roman La Case de l'oncle Tom ou « Life Amoing the Lowly » de Harriet Beecher Stowe, dans lequel le personnage de Tom s’inspirait librement de la vie de Josiah Henson.

En 1984, le site a été vendu au comté de Kent qui l'a transféré à la Commission des parcs de la Sainte-Claire en 1992. En 1993 et 1994, le site historique a fait l'objet d'importants travaux de modernisation et de restauration des trois structures d'époque, et le centre d'interprétation Josiah Henson a été construit. Ces travaux ont été suivis par une nouvelle cérémonie d’inauguration en 1995. C'est à cette époque que le site a été rebaptisé Site historique de la Case de l'oncle Tom. La propriété et les bâtiments ont été transférés à la Fiducie du patrimoine ontarien en 2005.

Bien que des discussions sur le changement de nom aient lieu depuis le début des années 1990, la Commission des parcs de la Sainte-Claire, qui gérait le site à l'époque, en consultation avec le Conseil consultatif du Site historique de la Case de l’oncle Tom, estimait que le musée avait établi un lien positif avec les visiteurs du monde entier qui avaient étudié le roman anti-esclavagiste La Case de l'oncle Tom. Plus récemment, la Fiducie a tenté de réhabiliter l'expression car elle s'aligne sur le mouvement anti-esclavagiste et la lutte contre l'esclavage. Grâce à une meilleure compréhension du rôle du Canada en matière de racisme systémique à l’encontre des Noirs, nous reconnaissons qu’il faut tracer une voie plus équitable et plus juste et qu'il est temps de revoir le nom « Site historique de la Case de l'oncle Tom ».

Réhabilitation de Josiah Henson

À l'approche de son 80e anniversaire, Josiah Henson s’est remémoré sa vie alors qu’il prononçait un discours dans une église de Glasgow, en Écosse, dans le cadre de sa tournée au Royaume-Uni. Il fut, une fois de plus, présenté aux milliers de personnes présentes par son association avec le roman de Harriet Beecher Stowe. Il souhaitait toutefois être reconnu pour les réalisations remarquables de sa vie - en tant que conducteur du chemin de fer clandestin et force du mouvement abolitionniste, en tant qu'éducateur et cofondateur du British American Institute, en tant qu'auteur de ses mémoires, qui ont fait connaître le Canada comme un havre de paix pour les réfugiés de l'esclavage, et en tant que prédicateur, mari et père.

La Fiducie du patrimoine ontarien s'efforce de s’assurer que le patrimoine que nous protégeons et les histoires que nous racontons sont des représentations respectueuses, exactes et authentiques des peuples qui ont vécu sur cette terre.

Tout comme les histoires d'autres Noirs et Afro-Canadiens qui ont été occultées au fil du temps, les réalisations de Josiah Henson ont également été atténuées. En séparant l'identité de Josiah Henson du personnage littéraire de l'oncle Tom, nous pouvons nous réapproprier le legs de l'œuvre de sa vie et reconnaître l'importance de cette œuvre dans la construction d'une province antiraciste et inclusive.